FootballComment la Suisse se retrouve à jouer en Serbie
L’ASF aurait souhaité jouer ailleurs ce premier match des qualifications à l’Euro 2024 face à la Biélorussie. Mais l’UEFA a refusé: la rencontre du 25 mars se tiendra à Novi Sad.
- par
- Valentin Schnorhk
L’Association suisse de football se serait bien épargné ce voyage-là. Quelques mois après avoir battu la Serbie à la Coupe du monde dans un contexte houleux (sur le terrain et en tribunes), l’équipe de Suisse devra se rendre à Novi Sad le 25 mars prochain pour y affronter la Biélorussie.
C’est un jeu à plusieurs bandes. Il y a un an, après le déclenchement de la Guerre en Ukraine, l’UEFA avait décrété que l’équipe nationale biélorusse et ses clubs ne pourraient plus accueillir de matches internationaux sur son territoire. La Biélorussie, alliée de la Russie, est en effet impliquée dans le conflit. En 2022, elle a ainsi disputé ses matches à domicile à Novi Sad, à une soixantaine de kilomètres au nord de Belgrade. Et à huis clos.
Le tirage au sort des qualifications à l’Euro 2024 a ensuite compliqué les choses. La Suisse est tombée dans le même groupe que la Roumanie, Israël, le Kosovo, Andorre et donc la Biélorussie. L’ASF a donc pris conscience rapidement qu’elle devrait se déplacer en Serbie, avec ses joueurs aux origines kosovares, à l’instar de Granit Xhaka ou Xherdan Shaqiri. D’autant plus problématique qu’entre-temps, les tensions entre le Kosovo et la Serbie se sont ravivées, sur fond de nationalisme, Belgrade ne reconnaissant pas l’indépendance du Kosovo.
Pas de conflit avec la Serbie
Faut-il craindre des débordements lorsque l’équipe nationale se déplacera en Serbie? Rappelons qu’au Qatar, les provocations serbes avaient été récurrentes, notamment à l’égard de Shaqiri et Xhaka. Ce dernier avait répondu en revêtant après le match le maillot d’Ardon Jashari, dont le patronyme est aussi celui d’Adem Jashari, considéré comme un héros national par les Kosovars et un criminel de guerre par les Serbes. Un geste qui n’était absolument pas politique, mais un hommage à son jeune coéquipier, avait juré le capitaine de l’équipe de Suisse.
«Nous sommes tout à fait conscients de la problématique», a assuré Adrian Arnold, le directeur de communication de l’ASF, jeudi. La fédération a d’ailleurs cherché à trouver une solution. Mais l’UEFA s’y est opposée, ne voulant pas faire de cas sur la question: la Suisse et la Serbie ne sont pas en conflit et il y avait donc le souci de ne pas créer un précédent. Il faut en revanche supposer que la rencontre Biélorussie-Kosovo ne se tiendra pas en Serbie.
Préparation modifiée
La Suisse n’aura donc d’autres choix que de faire le déplacement de Novi Sad fin mars, donc. L’ASF a d’ailleurs eu des échanges avec la fédération serbe, qui lui a garanti son soutien. Reste que cela n’enchante pas plus que ça les Suisses. Et pas uniquement en raison de l’extrasportif. «Nous avons fait l’inspection du terrain, et il n’est pas bon», soupire Pierluigi Tami, directeur des équipes nationales.
La Suisse va donc changer sa préparation: au lieu de se rendre sur place à deux jours du match, elle ne fera le voyage que la veille, après avoir effectué le dernier entraînement en Suisse, du côté de Bâle où elle sera rassemblée. Elle quittera en revanche la Serbie le lendemain de la rencontre, pour Genève, où elle doit accueillir Israël le mardi 28 mars.