Football: Raphaël Nuzzolo: «Il a fallu aller chercher les réponses tout au fond»

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FootballRaphaël Nuzzolo: «Il a fallu aller chercher les réponses tout au fond»

Sa tête a dit non, puis oui, puis re-non, et finalement oui. Le Biennois de 38 ans vient de prolonger son contrat avec Xamax. Transmission, chiffres, respect de l’institution: son interview.

Florian Vaney
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Florian Vaney
Raphaël Nuzzolo était arrivé à Xamax en 2001.

Raphaël Nuzzolo était arrivé à Xamax en 2001.

Urs Lindt/freshfocus

Raphaël Nuzzolo, cette prolongation d’une année découle d’un gros compromis avec le club?

Une signature de contrat, ce sont des négociations. Mais, contrairement à ce qui a pu être écrit, tout n’a pas uniquement tourné autour des chiffres. Je n’en ai jamais fait une affaire principale dans ma carrière. Et si l’on parle de chiffres, il y a aussi celui de mon âge. Alors je crois que pour un footballeur de 38 ans, je continue de bien gagner ma vie.

La question de votre avenir se posait depuis un moment déjà. Pourquoi est-ce que ça a pris autant de temps?

À Noël, je pensais arrêter. Il y a deux semaines encore, je ne savais pas quel chemin choisir.

C’est la peur du vide qui vous a dissuadé de dire stop?

Pas du tout. J’étais prêt à tout arrêter. Prendre trois-quatre mois de congé, pouvoir partir en vacances en août pour une fois, couper. Aucun problème avec ça.

Alors quoi?

J’ai pesé le pour et le contre. Et il a fallu aller chercher les réponses tout au fond de moi. Toutes ces dernières semaines, je suis entré sur le terrain à la recherche de réponses.

«Je n’aurai peut-être pas l’armoire à trophées la plus remplie, mais la valeur et le nombre de saisons que j’ai pu passer à Neuchâtel me suffisent comme fait d’armes.»

Concernant vos sensations physiques?

Pas forcément. J’ai commencé un seul match sur le banc au second tour, souvent enchaîné les nonante minutes, marqué dix buts: je me rends bien compte que ça va. C’était plus psychologique. Est-ce que la motivation était encore là?

Vous évoquiez une balance, le pour et le contre. Qu'est-ce qui l’a fait pencher?

J’avais besoin de savoir qu’on comptait sur moi. Que je pouvais encore être utile à l’équipe. Qu’on s’embarquait dans un projet pertinent. Qu’on allait quelque part ensemble, en somme.

Ce projet jeune et local, ça faisait longtemps qu’on l’attendait, non?

Vous savez, on a reçu beaucoup de critiques à propos de l’équipe qui était montée en Super League en 2018. Qu’on était trop vieux, sur le déclin. Je les ai rarement bien vécues. J’avais l’impression que les gens ne se rendaient pas compte que, sans ces joueurs-là, on n’aurait jamais réalisé ce qu’on a réalisé. Quoi qu’il en soit, à partir de là, on a chaque année perdu un ou deux cadres de l’équipe, Geoffrey Tréand, Charles-André Doudin…

Vous étiez encore quatre cette saison.

En sachant que Laurent Walthert, Mike Gomes et Igor Djuric partiraient en juin. Ce sont trois amis, mais aussi trois figures du club, que j’apprécie retrouver chaque jour. Ça a pesé sur mon état d’esprit, sur le choix que j’ai longtemps pensé prendre.

Le Xamax dans lequel vous venez de resigner, c’est le même que celui de vos débuts, il y a vingt ans?

Eh bien, Michel Favre, le directeur sportif qui m’avait engagé à l’époque, continue de venir nous voir quelques minutes à chaque entraînement. On doit pouvoir dire que oui. (Rire.) Les grands noms du club sont encore là, en tribunes ou dans les loges aux matches. Neuchâtel Xamax a toujours un statut, c’est toujours une institution.

Vous y tenez?

Les jeunes joueurs d’aujourd’hui rêvent grand. Mon rêve à moi, ça a toujours été de jouer et de m’imposer à Xamax. En prenant ma retraite, je n’aurai peut-être pas l’armoire à trophées la plus remplie, mais la valeur et le nombre de saisons que j’ai pu passer à Neuchâtel me suffisent comme fait d’armes. Donc, pour en revenir à la question: oui, je tiens au respect de l’institution. Ça va être un de mes principaux jobs de l’année à venir. Prendre un Liridon Berisha ou un Mats Hammerich et leur faire comprendre que, un jour, l’équipe et son image devront tenir sur leurs épaules.

Le Raphaël Nuzzolo de la saison prochaine, ce sera celui qu’on a vu courir dans tous les sens face à Yverdon il y a une semaine?

C’est délicat de se projeter. Je ne fais pas de mon temps de jeu ou de mon nombre de buts une priorité. Je vais employer cette saison à redonner tout ce qu’on m’a un jour donné. Donc ça n’implique pas que des performances sur le terrain.

Et votre ego?

Je le laisse au quatrième plan. Vraiment. Parfois, on oublie que j’ai longtemps joué sur un côté. Que j’étais un joueur à cinq ou six buts par saison qui cherchait à valoriser les autres. Le sens du collectif, je l’ai en moi.

Où se situera Xamax sportivement dans quelques mois?

Je le dis sans nous mettre une quelconque forme de pression: je pense qu’on peut faire office de belle surprise dans un championnat avec deux ou trois promus.

Même si votre président décide de ne pas investir davantage que cette saison?

De nouveau: tout n’est pas qu’une question de chiffres en football. On peut s’appuyer sur une bande de jeunes qui s’est bien aguerrie ces derniers mois. En ciblant bien les futures recrues, avec le bon état d’esprit, il y aura quelque chose d’intéressant à faire.

«Parfois, on oublie que j’ai longtemps joué sur un côté. Que j’étais un joueur à cinq ou six buts par saison qui cherchait à valoriser les autres. Le sens du collectif, je l’ai en moi.»

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