Colombie: Les Colombiens aux urnes pour élire un nouveau président

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ColombieLes Colombiens aux urnes pour élire un nouveau président

Le candidat de la gauche, Gustavo Petro, est le favori pour succéder au président Iván Duque, dans un pays où la gauche n’a jamais accédé au pouvoir.

Près de 39 millions d’électeurs sont attendus dans 12’000 bureaux de vote, où ils auront le choix entre six candidats ce dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle.

Près de 39 millions d’électeurs sont attendus dans 12’000 bureaux de vote, où ils auront le choix entre six candidats ce dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle.

AFP

La Colombie vote dimanche pour se choisir un nouveau président, avec en leitmotiv le changement auquel aspire la grande majorité des Colombiens, et en favori un opposant, Gustavo Petro, qui pourrait devenir le premier président de gauche de l’histoire récente du pays.

Près de 39 millions d’électeurs sont attendus dans 12’000 bureaux de vote, où ils auront le choix entre six candidats, pour désigner un remplaçant à l’impopulaire président conservateur sortant Iván Duque, qui ne peut pas se représenter.

Le scrutin se déroule dans un climat de vives tensions politiques, après quatre années sans grande réforme de fond marquées par la pandémie, une forte récession, des manifestations massives dans les villes et une aggravation de la violence des groupes armés dans les campagnes.

Le «paro» (grève) du printemps 2021, sévèrement réprimé par la police, a révélé l’ampleur des frustrations, en particulier chez les jeunes, face à la pauvreté, aux inégalités et à la corruption, un mal endémique du pays. Dans les zones rurales, guérillas et groupes armés liés au narcotrafic ont accru leurs violences et leur emprise au sein des communautés, mettant à mal les quelques acquis de l’accord de paix signé 2016 avec les FARC marxistes.

«Deux options»

En tête des sondages, le sénateur de gauche Gustavo Petro, un ex-guérillero converti à la social-démocratie, économiste et ancien maire de Bogotá, a su capitaliser sur la soif de «changement» dont il a fait son emblème.

«Au final il y a deux options», a jugé Gustavo Petro au cours d’un ultime débat vendredi. «Soit nous restons sur ce que nous avons: la corruption, la violence et la faim. Soit nous changeons pour aller vers la paix, le progrès productif, et une démocratie avec de la transparence», a-t-il promis, appelant ses concitoyens à s’unir «pour la vie», autre slogan phare de sa campagne.

C’est la troisième fois que Gustavo Petro, 62 ans, participe à une présidentielle, et pour nombre de militants de sa coalition de gauche du «Pacte historique» --arrivée en tête des législatives de mars dernier--, c’est «maintenant ou jamais». Petro se présente avec comme colistière pour la vice-présidence une Afro-colombienne, Francia Marquez, charismatique activiste au discours féministe et antiraciste, qui s’est déjà imposée comme l’un des phénomènes marquants de cette présidentielle.

Candidat du «bon sens»

En face, le candidat conservateur Federico Gutierrez, ancien maire de Medellín, se veut le défenseur des Colombiens «ordinaires», auxquels il promet «ordre et sécurité». Du discours classique dénonçant l’épouvantail «communiste», «Fico», pour ses partisans, a lui aussi adopté ces derniers jours l’antienne du changement, se disant le candidat du «bon sens».

«Ce que je veux, c’est unir la Colombie parce qu’elle a besoin d’un changement. Mais ce changement doit être sûr, pour nous amener à bon port sans mettre en danger (…) le pays», a affirmé «Fico» au débat de vendredi. Tout au long de sa campagne, il a pris soin de se démarquer du président sortant et de la vieille droite colombienne, incarnée par le Centre démocratique, parti au pouvoir, aujourd’hui en plein désarroi.

«Fico» est sérieusement talonné dans les sondages par le candidat indépendant Rodolfo Hernandez, entrepreneur de 77 ans au discours populiste vilipendant la corruption. Un second tour est prévu le 19 juin au cas où, très vraisemblable selon la presse, Gustavo Petro ne passerait pas la majorité des 50%.

«Tout est prêt»

Très polarisée, la campagne a été marquée par des menaces d’assassinat contre le favori et sa colistière afro-colombienne, sans cesse protégés par une haie de boucliers blindés. Ces derniers jours ont montré un «niveau élevé de violence et de désinformation (…) sur les réseaux sociaux et les médias», s’est alarmé la Mission d’observation électorale (MOE), une coalition d’ONG.

Après des incohérences dans le pré-comptage des législatives au détriment de son camp, Gustavo Petro s’est déjà dit inquiet d’un «manque de garanties» pour ce dimanche, notamment autour du logiciel de comptage qui n’a pas pu être audité à temps malgré les instructions de la justice et du gouvernement. «Nous avons des doutes», a-t-il répété vendredi, évoquant même une possible «fraude». Le «Pacte historique» compte envoyer près de 69’000 militants assister au vote, pour 61’500 du côté de «Fico».

Une pléthore d’observateurs internationaux surveilleront également le scrutin, dont les missions de l’Organisation des États américains (OEA) et de l’Union européenne (UE) qui a appelé à la «modération et responsabilité». «Tout est prêt», affirme de son côté le Registre national, en charge de l’organisation du scrutin, qui aura lieu de 8H00 à 16H00 locales. Le gouvernement a déployé 220’000 policiers et militaires supplémentaires dans tout le pays, soit au total 300’000 hommes qui seront en charge de la sécuriser le vote, encadré par 690’000 assesseurs. 

(AFP)

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