PandémieEt si Omicron était une bonne nouvelle? Pas si vite…
Pour certains spécialistes, l’arrivée du nouveau variant apporte de l’espoir. Mais d’autres douchent cet optimisme.


Pour l’OMS, le nouveau variant Omicron est préoccupant.
iStockLa découverte du variant Omicron en Afrique du Sud soulève beaucoup d’inquiétude voire une certaine panique. Des frontières se sont fermées et en l’état, ce nouveau variant du coronavirus représente un «risque élevé» et est préoccupant, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il pourrait se révéler bien plus contagieux que le variant Delta ou pourrait contourner au moins partiellement l’immunité acquise avec les vaccins ou suite à une infection avec des variants précédents.
Mais parmi ce flot d’inquiétude on commence à entendre une autre musique: et si ce variant Omicron était en fait une bonne nouvelle? Voire une bénédiction? Mais ceux qui la jouent vont malheureusement probablement un peu vite en besogne.
Tout vient en fait des déclarations d’Angelique Coetzee, présidente de l’Association des médecins sud-africains, qui a été la première à alerter les autorités de son pays de l’existence possible d’un nouveau variant. Or parmi les cas étudiés elle n’a pas constaté d’hospitalisations et des symptômes qualifiés de plutôt «doux» chez les personnes infectées par Omicron. «Je ne dis pas que qu’il n’y aura pas de maladies graves. Mais pour l’instant, même les patients que nous avons vus qui n’étaient pas vaccinés ont des symptômes légers», a-t-elle témoigné.
«Une bonne chose»
La thèse d’un virus très contagieux mais au fond bénin était lancée. Et reprise par des personnes tout à fait sérieuses. Médecin et consultant santé, Gérald Kierzek a avancé sur LCI qu’Omicron pourrait avoir une dangerosité et une virulence plus faible, ce qui constituerait «une bonne nouvelle».
Le virologue belge Marc Van Ranst a de son côté évoqué une «bonne chose». «Si la variante Omicron était moins pathogène, sa plus grande infectivité, permettant à Omicron de remplacer Delta, serait très positive», a-t-il avancé pour la RTBF.
«Ce serait une mauvaise nouvelle s’il s’avérait qu’Omicron provoque une maladie grave. Ce serait une excellente nouvelle si, comme il semble d’après les premières données recueillies en Afrique du Sud, il est responsable de symptômes bénins», a noté de son côté dans le «Corriere della Sera» le professeur de microbiologie Andrea Crisanti, très écouté en Italie. Pour lui, dans la seconde hypothèse, la pandémie serait même terminée «car elle serait alimentée par un variant qui immunise sans faire de mal».
Mais si ces thèses sont désormais sur la table, la plupart des spécialistes appellent à la plus grande prudence. Beaucoup soulignent d’abord que les cas en Afrique du Sud concernent principalement des personnes jeunes: il n’est donc pas étonnant de ne pas avoir trouvé des formes graves pour l’instant, et ça ne prouve rien.
«Allongement du tunnel»
Tous disent qu’il faut attendre au moins deux semaines environ avant d’en savoir vraiment davantage sur cet Omicron et l’effet de ses nombreuses mutations. Et la majorité, même si on en sait encore peu sur Omicron, ne semble pas optimiste du tout. «La découverte d’Omicron, un variant préoccupant, qui a le plus de mutations jamais identifiées jusqu’à présent, pour lequel on est sûr qu’il est plus contagieux et agressif, ce n’est pas la lumière au bout du tunnel mais plutôt un allongement du tunnel», a par exemple réagi l’infectiologue Jérôme Larché dans le «Midi Libre».
Enfin, l’hypothèse d’un nouveau variant beaucoup plus contagieux mais bien moins dangereux, n’est pas nouvelle ont noté différents spécialistes. «C’est une hypothèse qui n’est pas probable. Cette hypothèse a été faite à chaque fois qu’il y a eu un nouveau variant qui est arrivé. Le Professeur Raoult avait dit la même chose quand le variant Delta est arrivé et il s’est très manifestement trompé», a par exemple tranché le microbiologiste Emmanuel André dans la presse belge.