Pays-BasLes sondages donnent l’extrême droite gagnante aux législatives
Selon les premières estimations, c’est le parti d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders qui aurait remporté les législatives néerlandaises.
Le parti néerlandais d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders est arrivé largement en tête des élections législatives mercredi aux Pays-Bas, selon les sondages à la sortie des urnes, un séisme électoral qui risque d’être ressenti dans toute l’Europe et au-delà.
Le PVV (Parti de la Liberté) a, selon l’institut Ipsos, remporté 35 sièges sur 150, une victoire considérée comme très confortable dans une chambre basse particulièrement morcelée. L’alliance gauche-écologistes de Frans Timmermans est deuxième avec 25 sièges, tandis que le VVD de centre-droit a remporté 24 sièges.
Le message anti-immigration de Geert Wilders semble avoir trouvé un écho auprès des électeurs néerlandais, mais l’homme politique à la célèbre chevelure peroxydée est loin d’être assuré de devenir Premier ministre. Le PVV «ne peut plus être ignoré», a-t-il martelé, appelant les autres partis à travailler ensemble pour former une coalition. Avant les élections, les dirigeants des trois autres grands partis avaient assuré qu’ils ne participeraient pas à une coalition dirigée par le PVV.
«Victoire écrasante»
Mais à la sortie des urnes, le populaire et populiste Pieter Omtzigt s’est dit «disponible» pour diriger les Pays-Bas tout en concédant que le processus ne serait «pas facile». Son parti Nouveau Contrat Social (NSC), créé l’été dernier, aurait remporté 20 sièges. Frans Timmermans a lui d’emblée rejeté l’idée de rejoindre une coalition de Geert Wilders. «Le moment est venu pour nous de défendre la démocratie», a-t-il déclaré.
«C’est une victoire écrasante et cela instaure une toute nouvelle dynamique», a déclaré à l’AFP Diederick van Wijk, de l’Institut Clingendael. Les autres partis ont commis une erreur stratégique en se concentrant sur l’immigration, faisant ainsi le jeu du PVV, estime-t-il. «Un premier ministre Wilders pourrait être à notre portée», a-t-il ajouté.
Si elle est confirmée par les résultats définitifs, la victoire de Geert Wilders marque un brusque virage à droite qui sera accueilli avec appréhension à Bruxelles: le PVV a promis notamment un référendum sur l’adhésion des Pays-Bas à l’Union européenne.
Le premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban a salué sur X (anciennement Twitter) «les vents du changement» après la victoire annoncée de Geert Wilders. En France, la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, a félicité jeudi Geert Wilders et son parti pour «leur performance spectaculaire» aux législatives.
«Trump néerlandais»
Geert Wilders est parfois qualifié de «Trump néerlandais», ses projets capillaires contribuant à la comparaison, mais en fait il est entré en politique longtemps avant l’ancien président américain. N’hésitant pas à traiter les Marocains de «racailles» ni à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, il a bâti sa carrière en faisant croisade contre ce qu’il nomme une «invasion islamique» de l’Occident.
Ni les démêlés avec la justice néerlandaise – qui l’a reconnu coupable d’insultes à des Marocains – ni les menaces de mort à son encontre – qui le font vivre sous protection policière depuis 2004 – ne l’ont découragé. «Bien sûr, je prends position, je suis attaqué, mon pays est attaqué» avait-il déclaré lors d’un entretien à la veille des élections de 2021.
Geert Wilders a tenté de lisser une partie de sa rhétorique populiste en se concentrant sur d’autres préoccupations de l’électorat. Il y a «des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d’asile et d’immigrants», a-t-il déclaré lors de l’un des derniers débats électoraux, ajoutant qu’il était prêt à mettre de côté ses opinions sur l’islam pour gouverner. Il a promis de se concentrer davantage sur «la sécurité et les soins de santé» que sur son opposition à l’islam.
«Nexit» en vue
Mais le manifeste du PVV a conservé le ton xénophobe qui est sa marque de fabrique. Les mesures anti-immigration proposées comprennent le rétablissement du contrôle aux frontières néerlandaises, la détention et l’expulsion des immigrants illégaux, le renvoi des demandeurs d’asile syriens et la réintroduction des permis de travail pour les travailleurs intra-UE.
En matière de politique étrangère, il défend une approche «les Pays-Bas d’abord» qui comprend la fermeture de sa représentation à Ramallah et le renforcement des liens avec Israël, notamment le déplacement de son ambassade à Jérusalem. Un «référendum contraignant» sur un «Nexit» – la sortie des Pays-Bas de l’UE – figure également dans le programme, ainsi qu’un «arrêt immédiat» de l’aide au développement.