MédecineL’EPFL bloque une protéine et freine les effets du vieillissement
Les chercheurs ont découvert un mécanisme qui provoque avec l’âge des inflammations chroniques. L’empêcher permet d’améliorer aussi bien la mémoire que l’endurance.
![Avec l’âge, une inflammation détériore nos cellules et rend notre corps et notre cerveau plus faibles. Avec l’âge, une inflammation détériore nos cellules et rend notre corps et notre cerveau plus faibles.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/02/15588ea9-a7d9-4d35-9115-bafa4e62344a.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=b9a29380f6bdc5e741f301a0e53e38b5)
Avec l’âge, une inflammation détériore nos cellules et rend notre corps et notre cerveau plus faibles.
Getty Images/iStockphotoAvec l’âge, le corps subit divers changements qui peuvent avoir des conséquences sur notre santé générale et nous rendre plus vulnérables aux maladies. Un facteur commun au processus de vieillissement est une inflammation qui contribue au déclin et aux troubles liés à l’âge. Cependant, les voies précises responsables de cette inflammation et leur influence sur le vieillissement naturel étaient encore méconnues.
Une étude récemment menée par Andrea Ablasser de l’EPFL a découvert un mécanisme qui joue un rôle essentiel dans cette inflammation chronique et le déclin de nos fonctions au cours du vieillissement. En bloquant ce mécanisme, les scientifiques ont pu supprimer les réponses inflammatoires dans les cellules et les tissus vieillissants, ce qui a permis d’améliorer la fonction de ces tissus.
Une réponse immunitaire inadaptée
Ce mécanisme est une voie de signalisation moléculaire qui détecte la présence d’ADN dans les cellules. Il implique deux protéines, la GMP-AMP cyclique synthase (cGAS) et le stimulateur des gènes de l’interféron (STING). Lorsqu’elle est activée, la cGAS/STING déclenche une réponse immunitaire pour lutter contre les infections virales et bactériennes.
Dans leurs précédents travaux, Andrea Ablasser et ses collègues ont établi un lien entre la cGAS/STING et un certain nombre de processus biologiques, notamment la sénescence cellulaire (dégénérescence des cellules), caractéristique du vieillissement. Sur la base de ces travaux, les chercheurs ont voulu vérifier si cela pouvait être à l’origine de réponses immunitaires inadaptées au cours du vieillissement.
Leurs travaux ont montré que l’activation de la protéine STING déclenche des réactions dans les cellules immunitaires de première ligne de défense du cerveau. Ces réactions correspondent à celles qui apparaissent dans des troubles neurodégénératifs distincts, tels que la maladie d’Alzheimer et le vieillissement.
Du mieux dans le cerveau et le corps
Les scientifiques ont étudié les effets du blocage de la protéine STING chez des souris âgées. Comme on pouvait s’y attendre en raison de son rôle central dans le déclenchement de l’inflammation, l’inhibition de STING a atténué les marqueurs de l’inflammation à la fois en périphérie et dans le cerveau. Mais surtout, des améliorations significatives de la mémoire spatiale et associative ont été observées chez les animaux recevant des inhibiteurs de STING. Le blocage de cette protéine a également agi sur la fonction physique, avec une amélioration de la force et de l’endurance musculaires.
Cette étude, publiée dans «Nature», permet de mieux comprendre l’inflammation liée au vieillissement et propose également des stratégies potentielles pour ralentir la détérioration cognitive dans les troubles neurodégénératifs associés à l’âge. Elle est également prometteuse pour l’étude future des maladies neurodégénératives.