FootballPourquoi la Challenge League est-elle autant illisible?
Le championnat suisse de 2e division a rarement été aussi indécis. Ainsi, seuls cinq points séparent Vaduz, deuxième et actuel barragiste, d’Yverdon (9e) au classement. Tentative d’explication.
- par
- Chris Geiger
Un leader (Winterthour) qui n’a jamais compté si peu de points (26) après 14 journées depuis 2012, un écart entre la tête et l’avant-dernière place (propriété d’Yverdon) des plus faibles (8 unités) et une lanterne rouge larguée (Kriens): ces divers constats expliquent, en partie, un classement de Challenge League, pour l’heure, totalement illisible.
Plusieurs raisons peuvent justifier un championnat aussi serré. «Le niveau est plus homogène que ces dernières années, avance Roland Ndongo, milieu au FC Thoune. Il n’y a pas un ‘gros’ qui se détache comme ça avait été le cas ces deux dernières saisons avec Grasshopper et le Lausanne-Sport, qui avaient alors de gros effectifs.»
Un constat que partage l’ailier du FC Stade Lausanne-Ouchy, Mergim Qarri. «Les équipes ont à peu près la même qualité d’effectif et un budget similaire, hormis peut-être Thoune qui veut décrocher la promotion, confirme le joueur de 26 ans. L’année dernière, GC avait vraiment montré qu’il voulait monter et avait mis les moyens pour y parvenir.»
En l’absence d’un véritable patron, la 2e division helvétique offre un sacré suspense à ses suiveurs. Ainsi, cinq petites unités seulement séparent Vaduz (2e) d’Yverdon (9e), alors qu’entre ces deux clubs, six formations se tiennent en un seul point. De quoi changer l’approche des matches?
«Avant chaque rencontre, on ne sait jamais qui est vraiment le favori», concède Roland Ndongo. Avant de confirmer que la situation catastrophique de la lanterne rouge Kriens – qui pointe à 12 points déjà du premier non-relégable – rendait certains adversaires plus dangereux. «A l’image d’Yverdon, quelques équipes peuvent jouer de manière plus libérées qu’en début de saison. Elles ont moins de pression liée à une éventuelle relégation et peuvent se montrer plus ambitieuses.»
La préparation des matches revêt donc une grande importance. «Il s’agit d’un championnat très tactique, glisse Mergim Qarri. C’est pourquoi il faut bien analyser l’équipe adverse et avoir un peu de réussite pour gagner le match. Et lorsque l’équipe n’est pas bien, il faut réussir à ne pas perdre et gratter des points. De toute manière, chaque club a un peu ses phases.»
Invaincu depuis trois rencontres, Stade Lausanne-Ouchy entend étendre cette série jusqu’à la trêve. «On veut bien terminer l’année civile afin d’être bien placé en mars-avril lorsque la saison se jouera, confirme le Kosovar. Car c’est à cette période que GC et Thoune avaient créé des écarts décisifs la saison dernière. C’est pourquoi on veut faire le plus de points possible lors de nos quatre derniers matches avant Noël.»
«En Challenge League, on sait que tout se joue au 2e tour, corrobore le demi oberlandais. Par le passé, plusieurs équipes avaient été bonnes au 1er tour puis s’étaient écroulées après les fêtes. On ne s’affole pas: on est conscients que la saison est encore longue et que les choses vont gentiment tourner dans notre sens, mais c’est vrai que ça fait mal de voir Thoune au 8e rang. On n’est certes pas à notre place, mais on arrive à relativiser car on est qu’à un point du podium. Avec un classement aussi serré, il n'y a d'ailleurs plus que des confrontations directes.»
Malgré ce début d’exercice plus que poussif, le club bernois reste un candidat crédible à la promotion. «On garde des objectifs élevés et on veut toujours jouer la montée, assure le natif de Yaoundé. On fait toujours partie des favoris, au même titre qu’Aarau et Winterthour. Mais c’est vrai qu’on ne s’attendait pas à vivre un tel début de saison lors duquel la constance nous a manqué.»
Un pronostic épousé par Mergim Qarri. Du moins, en partie. «C’est tellement serré que c’est difficile de dire qui jouera la promotion. En début de saison, Thoune avait dit qu’il visait la montée et avait fait quelques bons transferts pour y parvenir. Je voyais également Vaduz. Winterthour est également une bonne équipe, mais je ne les vois pas tenir, à l’image de la saison dernière. De notre côté, si on retrouve notre niveau du début de saison, je n’ai aucun doute qu’on pourra jouer les premiers rôles avec Stade Lausanne-Ouchy.»
Le classement pourrait néanmoins se décanter déjà avant Noël. De quoi avoir un meilleur aperçu des forces en présence.