Qatar 2022: Commentaire: le vrai gagnant du Mondial? Gianni Infantino

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Qatar 2022Commentaire: le vrai gagnant du Mondial? Gianni Infantino

Le président de la FIFA dresse un bilan positif de son Mondial au Qatar. Que l’Argentine ou la France soit sacrée, le football aura bien été sur le devant de la scène. Tant pis pour le reste.

Rebecca Garcia
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Rebecca Garcia
Davantage dans la lumière que dans l’ombre, Gianni Infantino semble s’être régalé durant ce Mondial.

Davantage dans la lumière que dans l’ombre, Gianni Infantino semble s’être régalé durant ce Mondial.

AFP

Quand Gianni Infantino a invité le monde à se concentrer sur le football et non sur les polémiques du Qatar, il y a eu une levée de boucliers. Comment diable le président de la FIFA ose-t-il dicter les discussions? Force est de constater que son souhait s’est réalisé au fur et à mesure de la compétition.

Le décès des ouvriers, les droits humains, les climatisations dans les stades, les bras de fer commerciaux se sont effacés au fil des matches. Il faut dire que nous, les médias, avons fait notre travail. Nous avons évoqué, disserté, conté ces anomalies et même ces tragédies.

Puis est arrivé le football. Ces formidables émotions que nous font ressentir les belles frappes bien lourdes dans la lucarne. Cet énième dribble de Lionel Messi qui nous fait nous lever de notre chaise. Ces  joueurs marocains qui écrivent l’histoire. Ces petites discussions et l’envie d’être dans le coup quand quelqu’un nous dit: «T’as vu le match?» au détour de la machine à café. Il y a aussi la rareté. Ce n’est qu’une fois tous les quatre ans. Et finalement, peu importe qui gagne ou qui perd, puisque chaque équipe a une âme et des gens pour la soutenir.

Car oui, le football rassemble. Gianni Infantino en est conscient, il le sait et il l’exploite largement. Les polémiques ont aussi été un moyen pour lui de faire passer des messages. La vitrine que confère le Mondial, une manière de poser les briques de l’avenir du football. «Je suis gay», «je suis travailleur» d’un côté, «il y aura une Coupe du monde des clubs à 32 équipes en 2025 et aussi davantage de compétitions féminines» de l’autre. Le président de la FIFA a forcé un narratif – le sien – à chaque prise de parole.

Malin, le Suisse a surtout relevé le positif. Et il y en a eu une quantité. Bien sûr qu’éviter les masses de supporters ivres permet aux familles de se sentir davantage à l’aise. Bien sûr que sur le terrain, les prouesses des uns et des autres alimentent l’émerveillement collectif et la joie simple: celle de voir son équipe briller. Bien sûr que la logistique semblait idéale au vu de la grandeur de l’événement. Des belles choses, il y en a en permanence. C’est toujours ce qui est mis en lumière.

Gianni Infantino a gagné. Il a vu les yeux du monde se braquer sur lui. Et c’est en y regardant droit dedans, sans froncer, qu’il s’est dit gay, arabe ou travailleur. Il a vu le gratin mondial se précipiter dans ses loges et lui apporter cette validation si nécessaire.

Tant pis pour les droits humains, tant pis pour les travailleurs. Le football en fil rouge. Le football en prétexte surtout. Les résultats auraient pu être totalement différents que nous y aurions trouvé quelque chose d’épique à raconter. Parce qu’il n’y a pas mieux que le sport pour raconter des histoires. C’est à la fois magique, et terriblement frustrant.

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