Fiction - «Severance», la série qui vous fait oublier le boulot

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Fiction«Severance», la série qui vous fait oublier le boulot

La vie personnelle aussi. Apple TV+ a mis en ligne ce vendredi l’épisode final de la saison 1 réalisée en majorité par Ben Stiller. À binger sans modération. 

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

«Severance» – ou «Dissociation», dirait-on au Canada francophone – est une série en neuf épisodes proposée sur le catalogue Apple TV+. L’épisode final de la première saison a été libéré le vendredi, 8 avril 2022, et répond à la question «tient-elle son concept jusqu’au bout»? Assurément peut-on désormais affirmer au terme d’un suspense particulièrement bien mené, qui boucle certains des grands mystères égrainés, évitant ainsi une trop grande frustration, mais sans fermer la porte aux développements prometteurs espérés pour une deuxième saison qui vient d’être confirmée. On ne divulgâche pas plus loin, sachez juste que le combo est gagnant.

Petit employé en col blanc

Le concept, justement est très malin. Trop, craignait-on échaudé par d’autres séries du même genre bâties sur une idée folle, d’anticipation, mais au souffle trop court. Petit employé en col blanc, Mark (Adam Scott) se rend sur l’immense parking d’une grande entreprise portant le nom de Lumon. Elle est située dans une région non spécifiée d’un pays développé (il y fait froid, il y a de la neige, ce doit être l’hiver). Juste avant de sortir de sa voiture, il fond en larmes, se reprend et se rend à son vestiaire, dépose des objets personnels, prend des objets professionnels et emprunte l’ascenseur qui le conduit à son département. Un délicat mouvement d’appareil révèle un changement sur son visage, comme s’il devenait subitement un autre homme. C’est le cas.

Sautez les deux prochains paragraphes si vous préférez rester dans l’ignorance de certains aspects dévoilés en tout début de saison.

Car Mark est un cobaye, il a accepté de participer à un programme controversé dit de «dissociation». Une puce implantée dans son cerveau sépare hermétiquement la conscience de sa vie personnelle de celle de sa vie professionnelle. Pourquoi Lumon encourage ses employés à se porter volontaire et pourquoi Mark a validé la proposition n’est pas expliqué. Sa tâche du jour est d’accueillir Helly (Britt Lower) une nouvelle recrue qui doit se familiariser à son nouvel état de dissociée. Une fois son horaire effectué, Mark reprend l’ascenseur et redevient l’homme qu’il était au matin, sans souvenirs de son activité.

Ben Stiller à la barre

Produite et réalisée en grande partie par Ben Stiller (acteur qui a déjà quelques longs-métrages à son actif), «Severance» se place dans le registre de l’allégorie, presque de la fable. Lumon est un lieu très bizarre. On ne connait pas son activité, ni ce que sont ses services. La tâche du département dans lequel Mark est sur le point d’être promu consiste à réunir des chiffres flottants sur l’écran d’un ordinateur vieillot et à les glisser dans un tiroir au bas de l’écran. Les départements sont séparés par d’interminables couloirs blancs et chacun d’entre eux est tenu dans l’ignorance de ce que fait l’autre. Les rituels d’entreprises (réunions, fêtes, sanctions, récompenses après des objectifs réussis…) sont à la fois familiers, absurdes et même parfois surréalistes.

«Severance» ne manque ni d’humour ni d’élégance. Sa mise en scène est onctueuse, son découpage est virtuose mais sans ostentation, ses cadres sont soignés, ses dialogues sont subtils, sa musique est envoûtante (et nous a fait sortir plus souvent qu’à son tour notre Shazam pour identifier tel ou tel titre sélectionné avec soin et pertinence). Et puis la série est dotée d’une distribution aux petits oignons avec quelques pointures aux rides émouvantes et au jeu époustouflant on pense en particulier à John Turturro, Christopher Walken et Patricia Arquette (ce qui n’enlève rien à une distribution un peu moins mûre mais parfaitement dirigée). Si certains épisodes peuvent paraître plus laborieux que d’autres, l’ensemble se révèle être d’un équilibre parfait, sans éléments inutiles, tous étant essentiels au tout.

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