France: Fonds Marianne: la commission d’enquête dénonce un «fiasco»

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FranceFonds Marianne: la commission d’enquête dénonce un «fiasco»

La conclusion de la commission d’enquête du Sénat est sans appel: le fonds créé par Marlène Schiappa est «un coup politique».

La secrétaire d’État à l’économie sociale et à la vie associative, Marlène Schiappa, soupçonnée de favoritisme dans l’attribution du Fonds Marianne.

La secrétaire d’État à l’économie sociale et à la vie associative, Marlène Schiappa, soupçonnée de favoritisme dans l’attribution du Fonds Marianne.

Bertrand GUAY / AFP

«Le manque de rigueur, l’opacité et la désinvolture ont conduit au fiasco» du Fonds Marianne contre le séparatisme, mis en place en 2021 par Marlène Schiappa, a conclu jeudi la commission d’enquête du Sénat consacrée à ce dispositif controversé. «Le constat est sans appel sur la dérive de ce que nous appelons "un coup politique"», a asséné lors d’une conférence de presse le rapporteur de la commission, le sénateur (LR) Jean-François Husson.

Ce fonds doté de 2,5 millions d’euros avait été créé par en avril 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, quelques mois après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty par un jeune radicalisé, pour financer sur internet des «contre-discours» à l’islam radical.

Absence d’éléments tangibles

«Nous avons le sentiment que le Fonds Marianne a été conçu comme une grande opération de communication» par la ministre, a encore observé M. Husson. La «promesse» inhérente à ce dispositif, «n’a pas été tenue, ce qui relève pleinement de la responsabilité politique de la ministre», a-t-il poursuivi.

«Nous l’avons longuement auditionnée (…) je ne l’ai jamais vue proposer à notre commission d’enquête des éléments tangibles. Elle a eu beaucoup de pertes de mémoire, il y a certaines prises de parole qui sont consternantes de mon point de vue, et affligeantes», a étrillé le sénateur. Pour le rapporteur, certaines des associations ayant bénéficié du fonds «ont effectué un vrai travail», mais ce n’est pas le cas des deux principales d’entre elles.

L’une, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), a reçu 275.000 euros dont 120’000 euros ont servi à rémunérer deux de ses responsables, dont Mohamed Sifaoui, auteur de livres sur l’islam politique et le terrorisme. L’autre, «Reconstruire le commun», qui a obtenu 330’000 euros, a produit des vidéos dans lesquelles elle dénigrait des personnalités de gauche. Au final, le «label» du Fonds Marianne «devient un véritable fardeau», voire «un boulet attaché à l’allégorie de la République», selon lui. Un avis partagé par plusieurs membres du gouvernement.

Une ministre dans la tourmente

L’affaire, révélée d’abord par France 2 et le magazine Marianne puis par Mediapart, met le gouvernement dans l’embarras. Entre l’absence de transparence sur la distribution des 2,5 millions, favoritisme à l’égard de certaines associations proches de l’association, au détriment d’autres, et de possibles infractions pénales, les enjeux sont énormes. Lors de son audition devant le Sénat, Marlène Schiappa a réfuté toute responsabilité ou écart dans ce dossier. La commission d’enquête voit les choses autrement. 

(AFP)

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