Moyen-Orient: Maigre bilan après la première tournée de Joe Biden

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Moyen-OrientMaigre bilan après la première tournée de Joe Biden

Le président américain n’a réalisé aucune percée diplomatique majeure, ni sur les prix du pétrole, ni sur les droits humains, estiment les analystes.

Laurent Favre
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Le président Joe Biden monte à bord d’Air Force One avant de quitter l’aéroport international King Abdulaziz dans la ville saoudienne de Djeddah, le 16 juillet 2022.

Le président Joe Biden monte à bord d’Air Force One avant de quitter l’aéroport international King Abdulaziz dans la ville saoudienne de Djeddah, le 16 juillet 2022.

AFP

Joe Biden espérait réaffirmer l’influence des États-Unis au Moyen-Orient lors de sa première tournée dans la région en tant que président, mais sa visite s’est, sans surprise, conclue avec très peu d’avancées notables, estiment des analystes.

Après une première étape mercredi et jeudi en Israël et dans les Territoires occupés, le président américain a passé les dernières 24 heures de sa tournée en Arabie saoudite, où il n’a réalisé aucune percée diplomatique majeure, ni sur les prix du pétrole, ni sur les droits humains, ni sur le rôle d’Israël dans la région.

L’Arabie saoudite était l’étape la plus délicate du voyage, la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine ayant contraint Joe Biden à courtiser le royaume, qu’il avait pourtant promis de traiter en «paria» après l’assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

Pas de coup de pouce pétrolier

Washington espérait un coup de pouce de la part du premier exportateur mondial de brut pour faire baisser le prix élevé du pétrole, qui plombe les chances des démocrates aux élections législatives de novembre. «Je fais tout ce que je peux» pour augmenter l’offre de pétrole, a déclaré M. Biden après des réunions bilatérales avec les dirigeants saoudiens vendredi, ajoutant que les résultats ne seraient pas visibles «avant deux semaines».

Son conseiller en sécurité nationale, Jake Sullivan, a toutefois tempéré les attentes, affirmant aux journalistes que toute action «sera menée dans le cadre de l’OPEP+», l’alliance des principaux pays exportateurs qui comprend notamment la Russie.

Samedi, lors d’un sommet réunissant les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l’Égypte, la Jordanie et l’Irak, le pétrole «n’était pas vraiment au menu», a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, lors d’une conférence de presse. La promesse du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane d’augmenter la capacité de production à 13 millions de barils par jour avait déjà été faite en mai, et ne devrait pas devenir réalité avant 2027.

«Revers» pour les droits

Le moment le plus controversé de la visite de Joe Biden a été sa rencontre avec le prince héritier et dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane (MBS), désigné par les services de renseignement américains comme le commanditaire de l’assassinat en 2018 du journaliste critique saoudien Jamal Khashoggi.

Le fist bump, salut poing contre poing entre les deux hommes, a fait la Une du «Washington Post», journal pour lequel écrivait M. Khashoggi, et a été qualifié de «honteux» par le directeur du quotidien. «La salutation entre le président Biden et MBS est douloureuse en tant que représentation visuelle de notre incapacité à demander des comptes», affirme Kristin Diwan du Arab Gulf States Institute à Washington. Pour le saoudien Abdullah Alaoudh, qui vit aux États-Unis et dont le père, un éminent religieux, est détenu au royaume depuis 2017, c’est «un énorme revers».

Il était néanmoins peu probable que les Saoudiens fassent des concessions majeures sur les droits humains, et pour certains experts cela ne fait pas forcément du voyage un échec. «La visite en elle-même est un succès, surtout pour les Saoudiens, en particulier Mohamed ben Salmane», affirme l’analyste Hussein Ibish. Pour Biden, l’objectif était d’améliorer les relations personnelles et politiques entre son administration et le royaume.

(AFP)

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