Ski alpinCes champions du monde juniors qu’on a oubliés
Comme Malorie Blanc et Livio Hiltbrand, Marco Odermatt et Corinne Suter ont aussi été champions du monde juniors. Mais il y en a d’autres qui n’ont pas connu la carrière à laquelle ces médailles d’or les prédestinaient, en raison de la féroce concurrence en place chez les élites ou de blessures à répétition.
- par
- Lucien Willemin
Marco Odermatt, Beat Feuz, Corinne Suter, Wendy Holdener… Ces quatre champions olympiques de ski alpin ont tous remporté une ou plusieurs médailles d’or mondiales chez les juniors. En 2018 à Davos, «Odi» avait même réalisé une véritable razzia en s’imposant en descente, en super-G, en géant, en combiné, ainsi que lors du Team Event.
Cette semaine aux Portes du Soleil, deux jeunes talents helvétiques ont marché sur les traces de leurs prédécesseurs aux Mondiaux juniors. Mardi, le Bernois Livio Hiltbrand a remporté la descente, et mercredi, la Valaisanne Malorie Blanc a été sacrée en super-G après avoir été privée de victoire en descente pour un petit centième. La skieuse d’Ayent a aussi ajouté l’or en combiné par équipe à sa collection avec la Grisonne Anuk Brändli. Et vendredi, le Zougois Lenz Hächler se parait d’or en slalom, pendant que l’Appenzelloise Stefanie Grob décrochait l’argent en géant.
Deux top 10 en Coupe du monde
S’ils sont nombreux à avoir concrétisé au plus haut niveau les espoirs que ces titres ont placé autour d’eux – on peut citer par exemple Henrik Kristoffersen, Marcel Hirscher, Petra Vlhova ou encore Maria Höfl-Riesch – d’autres ont eu de la peine à confirmer leur potentiel.
C’est le cas de Nils Mani. En 2013 au Québec, le Bernois avait décroché l’or en descente et l’argent en super-G, un an après avoir déjà obtenu le bronze et l’argent dans ces mêmes disciplines. Mais ce spécialiste de vitesse n’a jamais vraiment réussi à s’imposer en Coupe du monde par la suite, où il ne s’est classé que deux fois dans le top 10, en 2016 lors de la descente de Val Gardena, et quelques semaines plus tard au combiné de Wengen.
Testeur de skis pour «Odi»
En 2021, Nils Mani estimait «ne plus avoir de chance de terminer dans le top 25 mondial» et avait préféré raccrocher les lattes, à 29 ans. Mais il n’a pas entièrement disparu du cirque blanc. La saison dernière, il avait notamment fait partie de l’équipe de testeurs de skis d’Odermatt avant les championnats du monde de Courchevel. Ses conseils avaient permis au Nidwaldien de décrocher l’or mondial en descente.
La Saint-Galloise Rahel Kopp a elle aussi mis fin à sa carrière plus tôt que prévu. Cette spécialiste du combiné, championne du monde juniors en 2015, n’est jamais montée sur le podium en Coupe du monde en 80 départs.
Elle compte tout de même quatre top 10 dans sa discipline de prédilection, dont une 4e place acquise à Crans-Montana en 2019. «Le ski de compétition a été une excellente école de la vie, mais la vie offre bien plus», avait déclaré la skieuse de Flumserberg au moment de ranger ses skis, à l’âge de 27 ans.
Deux champions du monde juniors dans les années 1990 n’ont également pas connu la carrière à laquelle leurs breloques dorées auraient pu les prédestiner.
La première, la Vaudoise Céline Dätwyler, double médaillée d’or en descente en 1991 et 1992, n’a pas réussi à imiter son père Jean-Daniel, médaillé de bronze en descente aux JO de Grenoble en 1968. Elle a obtenu son meilleur résultat en Coupe du monde en 1993, avec une 16e place en descente à Kvitfjell.
L’autre est un certain Daniel Défago. Quatre ans après son frère Didier, vainqueur en super-G, le Valaisan avait décroché une médaille d’or en slalom aux Mondiaux juniors de Mont Saint-Anne (Canada), en 2000. Mais après ses débuts prometteurs, il avait subi une grave blessure au genou droit lors d’un entraînement à Zermatt.
Un accident qui l’avait contraint à mettre un terme à sa carrière, à seulement 22 ans. Le skieur de Morgins est toutefois resté près du circuit, puisqu’il travaille depuis plusieurs années comme informaticien à la Fédération internationale de ski.