Scandale du baiser forcéL’ex-président de la Fédération espagnole suspendu 3 ans
Luis Rubiales, qui avait embrassé de force la joueuse Jennifer Hermoso après la quête de la Coupe du monde par l’Espagne cet été, ne pourra plus exercer de fonctions relatives au football pendant une longue période.
Pour avoir imposé par surprise un baiser à la joueuse Jenni Hermoso après le sacre mondial des Espagnoles, l’ex-patron de la fédération espagnole de football Luis Rubiales a été suspendu lundi pour trois ans de toute activité liée au football par la FIFA.
L'ex-homme fort du football espagnol, qui était déjà suspendu à titre provisoire pour 90 jours par la fédération internationale, a annoncé dans la foulée qu'il allait faire appel de cette décision. «J'irai jusqu'à saisir la dernière instance pour que justice soit faite et que la vérité éclate», a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter) dans une publication accompagnée d'un émoji représentant un biceps contracté en signe de force.
Concrètement, la FIFA lui reproche d'avoir enfreint l'article 13 de son Code disciplinaire, intitulé «Comportement offensant et violation des principes du fair-play», et évoquant parmi d'autres exemples «l'infraction aux règles de base de la décence» ou un «comportement portant atteinte à l'image du football ou de la FIFA».
En conséquence, précise l'instance dans un communiqué, Luis Rubiales «s’est vu infliger par la Commission de discipline de la FIFA une interdiction d’exercer toute activité relative au football aux niveaux national et international pour une durée de trois ans».
Le 20 août, quelques minutes après le sacre mondial de la Roja féminine à Sydney, le patron du foot espagnol, âgé de 46 ans, avait embrassé sur la bouche par surprise Jenni Hermoso, provoquant l’indignation en Espagne et à travers le monde.
Refusant de démissionner pour «un petit bisou consenti», il avait attaqué, lors d’un discours retentissant le 25 août, un supposé «faux féminisme» et argué qu’il avait obtenu l’autorisation de la joueuse avant de l’embrasser.
Une version démentie par Jenni Hermoso qui a dit s’être «sentie vulnérable et victime [...] d’un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de (sa) part».
Sous la pression, Rubiales avait fini par démissionner le 10 septembre, se disant victime d’une «campagne disproportionnée».
La Fédération a fait le ménage
Sur le plan judiciaire, Rubiales a par ailleurs été inculpé d’«agression sexuelle» par la justice espagnole et s’est vu interdire d'approcher à moins de 200 mètres de Jenni Hermoso, qui évalue à Pachuca, dans le championnat mexicain. Il est également poursuivi pour «coercition» en raison des pressions présumées qu’il aurait exercées sur Hermoso et son entourage pour qu’elle modifie ses déclarations. Des pressions confirmées début octobre devant la justice par trois joueuses de la sélection.
Le scandale, qui a suscité l’indignation internationale, avait aussi conduit la Fédération espagnole (RFEF) à licencier plusieurs de ses cadres, dont le sélectionneur de l’équipe nationale féminine Jorge Vilda, proche de Luis Rubiales et lui aussi inculpé par le juge Francisco de Jorge.
Vilda a été remplacé à la tête de la Roja féminine par Montse Tomé, mais cette dernière a d’abord dû faire face à une grève des joueuses espagnoles, qui réclamaient des changements plus profonds pour accepter de revenir en sélection.
Allant retrouvé
Depuis, les joueuses sont parvenues à un accord avec leur Fédération et ont retrouvé de l’allant, notamment en s’imposant 5-0 contre la Suisse fin septembre, une victoire obtenue après un succès 3-2 en Suède. Et vendredi dernier, c’est même Jenni Hermoso qui a offert la victoire à son équipe (1-0) en Italie pour son grand retour en sélection depuis le début de l’affaire.
Après trois journées, les Espagnoles sont en tête de leur groupe en Ligue des nations, une compétition qualificatives pour les Jeux olympiques de Paris.