NigeriaL’opposition demande l’annulation de la présidentielle
Au Nigeria, les deux principaux partis d’opposition ont dénoncé, mardi, des «manipulations massives» des résultats, qui donnent, pour l’instant, une légère avance au candidat du pouvoir.
Au Nigeria, plus de 87 millions d’électeurs ont voté samedi pour choisir, parmi 18 candidats, la personne qui aura la lourde tâche de redresser le pays le plus peuplé d’Afrique, plombé par une économie en berne, un fort appauvrissement de la population et les violences récurrentes de groupes armés et de bandits. Le vote s’est globalement déroulé dans le calme, malgré quelques incidents sécuritaires et des couacs logistiques.
Mais à la suite de retards dans le décompte et d’importantes défaillances dans le transfert électronique des résultats, l’opposition a accusé de fraudes le parti au pouvoir, l’APC, tandis que plusieurs observateurs ont exprimé des inquiétudes quant à la transparence du scrutin.
«Un simulacre»
Avant la reprise du décompte, mardi, à son troisième jour, et alors que Bola Tinubu bénéficie d’une légère avance selon les premiers résultats officialisés par la Commission électorale (INEC), le Parti démocratique du Peuple (PDP) et le Parti travailliste (LP) ont dénoncé «un simulacre» d’élection. «Nous avons totalement perdu confiance dans l’ensemble du processus», ont-ils déclaré lors d’une conférence de presse conjointe, exigeant son «annulation immédiate» et la tenue d’un «nouveau scrutin».
Ils demandent aussi «un vote de défiance» à l’encontre du président de l’INEC, Mahmood Yakubu, et appellent le président sortant, Muhammadu Buhari, «à tenir la promesse faite aux Nigérians de laisser comme héritage des élections libres, équitables, transparentes et crédibles». De nombreux observateurs étrangers ont aussi sévèrement critiqué le manque de transparence et des défaillances opérationnelles.
«L’opposition veut saper la démocratie»
Bola Tinubu, de l’APC, mène jusque-là avec plus de 4,1 millions de voix, contre trois millions de voix pour Atiku Abubakar, le candidat du PDP, le principal parti d’opposition. L’outsider de cette présidentielle Peter Obi, dont la popularité auprès de la jeunesse, qui le voit comme intègre et compétent, a pris tout le monde de court, a obtenu jusque-là 1,6 million de voix.
De son côté, l’APC a en retour accusé l’opposition de vouloir «saper» la démocratie, parce qu’elle «s’aperçoit qu’elle a perdu». «Comme une grossesse arrivée à terme, l’élection ne peut pas être avortée», a déclaré Dele Alake, un porte-parole du parti.
Les résultats officiels ne concernent pour l’heure que quatorze États – sur les 36 du pays, auxquels s’ajoute la capitale fédérale, Abuja. Cette présidentielle est l’une des plus serrées qu’ait connues le Nigeria. Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 États de la fédération, plus le territoire d’Abuja.