Football - Cette Suisse-là n’est pas vraiment d’attaque

Actualisé

FootballCette Suisse-là n’est pas vraiment d’attaque

Le versant offensif de l’équipe nationale a interrogé lors des deux matches de mars. Encore plus lors du match nul 1-1 contre le Kosovo mardi.

Valentin Schnorhk Zurich
par
Valentin Schnorhk Zurich

Peut-être ne faudrait-il plus revenir au Letzigrund. L’équipe de Suisse n’y avait plus joué depuis 2016, et une défaite 2-0 contre la Bosnie. Avant ça, il y avait notamment eu le traumatisant revers 2-1 contre le Luxembourg, sous Ottmar Hitzfeld. Lointains souvenirs, qu’il ne s’agirait pas de comparer à ce 1-1 contre une très vaillante équipe du Kosovo, laquelle aura défié la Suisse avec pas mal d’idées et beaucoup d’intensité. Tout ce qu’il fallait pour rendre piteuse cette équipe nationale un peu moins concernée que ces derniers temps.

De quoi donc ce match nul est-il le nom? Peut-il être lu dans la lignée de la défaite 2-1 de Wembley samedi dernier? Ce sont bien les questions qu’il convient de se poser après ce premier rassemblement de cette année de Coupe du monde, qui n’a pas vraiment mis sur les bons rails la sélection de Murat Yakin. Ce n’est pas tant le versant défensif qui inquiète dans ce genre de match, parce qu’il est évident que dans une autre configuration, face à un autre adversaire, Yakin aura une tout autre réflexion quant à la formule à adopter.

Exécution et choix en question

Le questionnement se porte surtout sur l’animation offensive. Où va-t-on concrètement? Quels sont les principes? À Wembley, la Suisse a assurément fait une bonne première période. Capable de s’installer par moments, de récupérer le ballon rapidement, de trouver des joueurs à l’intérieur du jeu, ou légèrement décalés, elle avait quelques idées. Soit.

Et mardi? Au-dessus de tout, il y aura eu l’exécution technique d’une très faible qualité. Bien en deçà des attentes que l’on est en droit de faire peser sur les épaules d’à peu près chacun des joueurs alignés. Dans ces conditions-là, déjà, difficile de faire craquer une défense solide et bien organisée. De la sorte, la Suisse ne peut arriver nulle part, mais il est évident qu’on était bien loin de ses standards habituels.

L’élément qui arrive ensuite, et c’est un peu plus inquiétant, ce sont les choix, le sens du jeu. Il y a par exemple un Xherdan Shaqiri qui a passé sa première mi-temps à en faire trop, à surjouer pour donner (parfois) la balle, mais à contretemps. Il y a un Steven Zuber qui a à peu près toujours manqué de spontanéité dans les un contre un qu’il a eu à jouer. Pareil pour Noah Okafor, Jordan Lotomba ou Kevin Mbabu. Résumée succinctement, la Suisse était dans l’immobilisme alors qu’on lui requérait du mouvement.

Le jeu rapide, pas toujours possible

Mais tout cela ne peut être analysé sans y inclure la patte de Murat Yakin. Il a forcément une part de responsabilité. Il l’assume. Heureusement. Il s’agira de définir où il veut vraiment en arriver avec le ballon. On le sait sans doute plus partisan d’un jeu rapide, dynamique, pour ne pas dire direct. En Italie en novembre, il avait dû trouver un malin plaisir à constater comment la Suisse parvenait à mettre en danger en deux ou trois passes son adversaire.

L’idée se heurte à deux éléments: avant tout, toutes les équipes ne se plairont pas à donner de l’espace à la Suisse, reconnue comme l’une des quinze meilleures sélections au monde. Il faudra trouver d’autres solutions. L’autre point étant le fait que cette équipe a aussi brillé par le passé en s’appuyant sur d’autres notions. Avec Vladimir Petkovic, il y avait par exemple le désir de construire depuis très bas pour se dégager de l’espace. Ou alors de s’arranger pour créer des surnombres sur les côtés, permis notamment par le système en 3-4-2-1 d’alors.

Par la force des choses, et même s’il a pris en compte les avertissements de son adjoint Vincent Cavin, Yakin a d’autres inspirations. Elles sont sans doute un peu moins complexes, et peut-être reposent-elles un peu trop sur certaines individualités. Et le problème actuellement réside probablement dans le fait qu’il n’y en a que deux capables à elles seules de trouver des solutions quand elles ne sont pas évidentes: Breel Embolo et Xherdan Shaqiri.

Deux indispensables, et sinon?

Le premier aura été l’homme le plus recherché à Wembley, et son entrée contre le Kosovo a changé quelque peu la donne, même s’il n’a pas marqué. Sa présence devient indispensable, par sa capacité à créer du danger en utilisant sa puissance athlétique. Pour le second, la question se posera peut-être bientôt, mais il reste celui qui peut inventer ce que les autres ne parviennent pas à imaginer.

Et les autres? Okafor n’a pas brillé mardi, mais son profil demande à être revu. Quant à Vargas, Steffen ou Zuber, ils apparaissent comme des joueurs au crochet court intéressant, mais qui peinent à varier leur jeu. Dans certains contextes, leur utilité se justifiera. Comme pour Mario Gavranovic, peu en vue contre le Kosovo. Sans oublier que Haris Seferovic reviendra peut-être un jour.

Comme quoi, cette équipe de Suisse qui a tant fait lever les foules en 2021 s’ouvre à d’autres défis en 2022. Avec de sacrées affiches à venir en Ligue des nations: la République tchèque, le Portugal et l’Espagne. Heureusement, pour Yakin, ce ne sera plus au Letzigrund.

Ton opinion