FootballL’AC Milan racheté par RedBird, une firme américaine
L’accord officialisé ce mercredi valorise le club lombard à quelque 1,2 milliard d’euros, un chiffre à la hauteur de son palmarès, avec ses sept Ligues des champions et ses 19 titres de champion d’Italie.
L’AC Milan, revenu au sommet du football italien, change de mains mais reste «américain»: les rênes du club longtemps détenu par Silvio Berlusconi sont cédées par Elliott Management, propriétaire depuis 2018, à un autre fonds d’investissement, RedBird Capital.
L’accord officialisé mercredi prévoit un transfert de propriété d’ici septembre et le maintien d’une participation minoritaire d’Elliott, qui a assaini les finances et restauré une crédibilité sportive d’un club à la dérive à la fin de l’ère Berlusconi (1986-2017). «La priorité de RedBird est de donner une continuité au parcours de l’AC Milan, en visant un retour au sommet du football mondial», assure le communiqué actant cette opération.
RedBird est présent dans le monde sportif en Amérique du nord, mais est aussi déjà actif en Europe, à travers une participation minoritaire dans le club de Liverpool, mais aussi avec le contrôle depuis 2020 du Toulouse FC, tout juste promu en Ligue 1 française. Le fonds américain était favori depuis le renoncement récent de Investcorp, un fonds basé au Bahreïn.
Finances assainies
L’accord valorise l’AC Milan à quelque 1,2 milliard d’euros, un chiffre à la hauteur de son palmarès, avec ses sept Ligues des champions et ses désormais 19 titres de champion d’Italie. Et s’il sort d’une décennie moins glorieuse, il «Diavolo», surnom du club, refait des étincelles. De retour cette saison en Ligue des champions après sept ans d’absence, Milan a confirmé son renouveau avec son titre, le premier depuis 2011. A cette époque, Silvio Berlusconi en était encore le propriétaire.
L’homme d’affaires avait acheté le club en 1986 pour le conduire sur le toit de l’Europe avec du jeu et des stars (Van Basten, Gullit, Maldini, Kaka, Pirlo, Shevchenko entre autres). Il s’en est séparé en 2017 alors que le club était lourdement endetté et sportivement dépassé.
Elliott Management a récupéré le club un peu par hasard un an plus tard, en tant que créditeur du repreneur chinois, l’homme d’affaires Li Yonghong, incapable de rembourser un prêt. Le fonds a misé sur de jeunes joueurs à fort potentiel, confiant sa politique de transferts à la légende du club Paolo Maldini.
Les salaires ont aussi été encadrés, quitte à ne pouvoir conserver certains joueurs importants, partis libres, comme Gianluigi Donnarumma (Paris SG) et Hakan Calhanoglu (Inter Milan) en 2021 ou Franck Kessié cette année.
La seule vraie star actuelle est Zlatan Ibrahimovic, tuteur d’une jeune génération manquant d’expérience. Revenu en 2020, le Suédois doit décider s’il prolonge ou non l’aventure, à 40 ans révolus, sachant qu’il ne pourra jouer avant début 2023 après une récente opération au genou.
Projet de nouveau stade
La recette a fonctionné: l’AC Milan séduit de nouveau et les comptes sont davantage présentables. Les pertes sont repassées sous les 100 millions d’euros en 2020/21 (96 millions pour être précis), pour la première fois depuis 2017, après avoir atteint un pic en 2020 (195 millions).
Elliott, dont l’objectif était affiché était de revendre à moyen terme avec une plus-value, aurait investi quelque 740 millions d’euros depuis 2018, selon la presse italienne. «Notre plan était simple: créer de la stabilité financière et ramener Milan à sa juste place dans le football européen. Je pense qu’on peut dire que les deux objectifs ont été atteints», a commenté mercredi son patron Gordon Singer.
Cette opération confirme l’attraction du football italien aux yeux des investisseurs nord-américains: près de la moitié des clubs de Serie A étaient cette saison de propriété américaine ou canadienne (AC Milan, Roma, Bologne, Fiorentina, Venise, Spezia, Genoa et en partie Atalanta).
RedBird Capital est particulièrement présent dans le secteur du marketing sportif en Amérique du nord et a pris à l’été 2020 le contrôle (85% des parts) du club de Toulouse. Son patron, le financier d’origine italienne Gerry Cardinale, a aussi été associé à des opérations avec plusieurs franchises dans le sport américain, notamment avec des participations dans les New York Yankees ou les Boston Red Sox (baseball).
Outre l’image de marque de l’AC Milan, l’intérêt de l’opération repose sur le projet de nouveau stade porté par le club lombard et son rival, l’Inter Milan. Synonyme de recettes accrues de billetterie, la nouvelle enceinte succéderait au vénérable San Siro après 2026.