Hockey sur glace - Devos et Hazen, le «match dans le match»

Pour les étincelles, pour la magie, pour les coups de génie, il faudra encore patienter un petit peu. Ni Philip-Michaël Devos, ni Jonathan Hazen, n’ont inscrit leur nom sur la fiche des compteurs mardi lors du premier match du HC Ajoie dans l’élite depuis 28 ans.

Les deux Québécois blanchis? Cela n’était pas arrivé bien souvent au cours des six précédentes années, à l’échelon inférieur, la Swiss League. Nouvelle ligue, nouvelle réalité. Les équipes sont beaucoup plus compactes, les défenses plus grandes, plus physiques, plus mobiles. A l’image de celle du HC Bienne, l’adversaire de mardi. Se frayer un chemin vers les buts adverses demande un surplus d’énergie et d’implication physique auxquels les joueurs ajoulots, dans leur globalité, ne sont pas encore habitués.

Devos et Hazen, sur qui reposera une grande partie du destin du HC Ajoie cette saison, ont-ils été à la hauteur pour ce premier match de championnat? Coup de projecteur sur les deux attaquants québécois:

28’21’’ de temps de jeu, 4 tirs, 0 point, différentiel -2.

Le joueur de centre a livré un match monstrueux. Vingt-huit minutes et 21 secondes sur la glace? C’est énorme, gigantesque même pour un attaquant! Autant dire que le Québécois de 31 ans était partout, au four et au moulin, en véritable patron. Un peu timide en première période, lorsque le HC Bienne a pris le jeu à son compte, Devos a pris le dessus dès le deuxième tiers. Des pucks récupérés dans tous les coins, des relances bien senties, des incursions réussies en zone offensive, 4 tirs au but dont un poteau extérieur: il n’a connu aucun problème avec le rythme de la National League.

Au coup de sifflet final, lui-même l’a dit: «Oui, j’ai fait un grand match.» Seul regret, ne pas avoir réussi à trouver la solution en supériorité numérique, pourtant une des grandes forces du HC Ajoie. Condamné à prendre des risques offensifs pour faire gagner son équipe, on lui pardonnera de s’être fait surprende avec son bloc de power-play sur le premier but seelandais (Haas en infériorité numérique). Il était aussi sur la glace à deux secondes de la fin lorsque Mike Künzle a marqué le 1-3 dans la cage vide, d’où ce différentiel négatif de -2. Une inquiétude toutefois: Devos ne tiendra pas longtemps à ce rythme et le coach Gary Sheehan sera bien obligé de doser le temps de glace de son joueur clé à l’avenir.

26’05’’ de temps de jeu, 1 tir, 0 point, différentiel de -2

Trop de pression? Trop de tension? Jonathan Hazen, lui aussi crédité d’un temps de jeu gigantesque (26’05’’), est passé au travers de ce premier match. L’ailier n’a jamais trouvé le bon rythme et a manqué de dynamisme: le Québécois avait «les jambes molles», comme on dit. Si Devos a brillé, Hazen a souvent patiné dans le vide. Le buteur du HCA, qui a donné l’impression de «jouer du bout de la canne», a aussi perdu trop de duels dans les bandes. Il a obtenu son seul tir cadré du match en deuxième période. Un autre lancer a été bloqué par un défenseur alors qu’Ajoie évoluait en supériorité numérique en troisième période. Un tir sur la cage adverse en 60 minutes, c’est évidemment trop peu pour un joueur de son calibre.

A sa décharge, il n’a jamais pu prendre de la vitesse sur les ailes, la faute à une défense seelandaise compacte qui ne lui a offert que très peu d’espaces. Reste désormais à voir si Gary Sheehan restera patient avec son ailier du premier bloc, ou s’il sera déjà tenté d’effectuer une rocade avec l’autre Québécois Guillaume Asselin, aligné aux côtés de Thibault Frossard (1 assist) et Matthias Joggi mardi. Une manœuvre qui pourrait éventuellement enlever un peu de pression des épaules de Hazen.