Hockey sur glaceMartin Steinegger: «Je suis à l’épreuve du stress»
Le manager général du HC Bienne, à l’image d’une équipe qui aligne les défaites, a beaucoup de travail devant lui: les deux tiers de l’effectif seelandais n’ont pas de contrat pour la saison prochaine.
- par
- Simon Meier
Les murs de la Tissot Arena, qui avaient tant vibré de plaisir et d’excitation l’hiver passé, font grise mine en cette Toussaint. Martin Steinegger aussi. Le manager général du HC Bienne a beau chercher au fond du fond de l’infirmerie seelandaise, pas l’ombre d’une bonne nouvelle à l’horizon – le retour au jeu de Damien Brunner, peut-être. Pour la venue du leader Fribourg-Gottéron ce mardi, sept joueurs devraient manquer à l’appel.
Cette hécatombe explique en partie la grosse panne de résultats que connaît le vice-champion, souvent valeureux mais régulièrement perdant (dix défaites lors des douze derniers matches). Mais elle l’explique en partie seulement. Car il y a d’autres raisons à cet automne pénible, dont une qui n’a rien à voir avec le changement d’entraîneur ou la fatigue engendrée par la Champions Hockey League: la plupart des Biennois patinent sans connaître leur avenir.
«Ok pour le moment»
Samedi à Davos, où le HCB s’est accroché jusqu’au bout mais en vain (défaite 3-2), treize des 21 joueurs alignés ne sont en possession d’aucun contrat pour la saison prochaine. Dans le cadre élargi, ils sont plus d’une vingtaine dans ce cas, dont la quasi totalité de la très étoffée légion étrangère (Harri Säteri, Toni Rajala, Jere Sallinen, Viktor Lööv, Jesper Olofsson, Ville Pokka, Aleksi Heponiemi). Forcément, ça pèse un peu, beaucoup, inconsciemment.
«On peut sûrement penser que cette situation a une influence sur les performances de l’équipe, admet Martin Steinegger, en charge de la politique sportive. Beaucoup de choses vont se discuter et se régler pendant la prochaine pause internationale.» Souvent vanté pour avoir façonné le HC Bienne de la décennie écoulée avec compétence et humanité, le dirigeant est en première ligne, aujourd’hui, pour essuyer les vents contraires. Certains lui reprochent de ne pas avoir assez anticipé le roulement de l’effectif, le renouvellement des contrats. Lui s’agace parfois, ces temps. Lundi, il était plutôt tranquille.
«Pour moi, c’est ok pour le moment, répond l’ancien défenseur culte du HCB lorsqu’on s’enquiert de sa santé morale. Je suis à l’épreuve du stress, comme tout le reste de l’organisation. Mais nous avons déjà vécu des moments difficiles et nous affronterons celui-ci aussi, en prenant les bonnes décisions, dans le calme et l’intelligence. Si on cherche, on peut toujours trouver du positif. On joue bien, on fait preuve de moral malgré tout. Il faut essayer de faire quelques points avant la pause (ndlr: matches contre Fribourg, à Langnau puis devant Berne cette semaine), qui arrivera au bon moment. Après, ce sera un nouveau départ.»
Sans épée de Damoclès
Et un sacré chantier pour le manager, qui doit jongler entre urgences au présent, avenir proche et futur à plus long terme. «La direction sportive et le staff ont beaucoup de travail devant eux et il est important qu’ils puissent le faire sans épée de Damoclès au-dessus de leur tête, apaise la co-présidente Stéphanie Mérillat. Il y aura une transition à gérer, le groupe va changer et devoir trouver de nouvelles valeurs.»
Entre les blessés et les incertains pour la suite, qui sont parfois les mêmes, pas évident de reconstruire une dynamique positive - et durable. La dirigeante, qui note avec satisfaction que l’équipe ne lâche pas la corde en termes d’attitude, aurait même tendance à compatir avec les troupes.
«Ce sont des joueurs professionnels qui savent gérer ces situations, mais aussi des êtres humains qui pensent à leur avenir et à leur famille, rappelle Stéphanie Mérillat. Le fait de ne pas avoir de contrat pour la suite, ça ne doit pas tout expliquer, ça ne paralyse pas, mais ça peut interférer sur la marche de l’équipe - c’est inévitable.»
Bref, tout le monde a beaucoup de travail au HC Bienne, de l’entraîneur Petri Matikainen au manager général Martin Steinegger, en passant par la valeureuse escouade décimée qui reçoit le leader Fribourg-Gottéron, ce mardi à la Tissot Arena.