PérouLa présidente Boluarte entendue pour la répression des manifestations
La présidente péruvienne a été interrogée ce mardi par la procureure en charge de l’enquête sur la répression sanglante des manifestations de décembre et janvier.
La présidente du Pérou Dina Boluarte a été interrogée mardi par la procureure en charge de l’enquête sur la répression des manifestations qui ont suivi l’éviction de son prédécesseur et fait une cinquantaine de morts en trois mois.
Dina Boluarte, qui a remplacé en décembre Pedro Castillo, destitué par le Parlement, a comparu pendant près d’une heure et demie pour répondre à «l’enquête sur les décès de citoyens survenus lors des mobilisations sociales de décembre 2022 et janvier 2023», a indiqué le Parquet. La présidence a indiqué sur Twitter, sans plus de détails, que Dina Boluarte «a fait des déclarations concernant les enquêtes».
La présidente de 60 ans est arrivée au Palais de justice souriante, lourdement escortée, selon des images partagées sur les réseaux sociaux par le Parquet. Aucun rassemblement de partisans ou d’opposants ne s’est tenu à l’extérieur du bâtiment dans le centre de Lima. Dina Boluarte «veut aider à la découverte de la vérité», avait déclaré son avocate Kelly Montenegro au journal El Comercio.
54 personnes sont mortes
Le Parquet a ouvert une enquête contre Dina Boluarte le 10 janvier pour des délits présumés de «génocide, d’homicide aggravé et de blessures graves» lors des manifestations antigouvernementales au cours desquelles 54 personnes ont perdu la vie, dont six soldats qui se sont noyés ce week-end en tentant de fuir des centaines de protestataires qui les attaquaient.
Selon le bureau du médiateur, 1300 personnes ont également été blessées, dont près de la moitié sont des hommes en uniforme. Plusieurs ministres et anciens ministres de son gouvernement sont également visés par cette enquête.
Le Pérou est empêtré dans une grave crise politique et sociale qui a éclaté le 7 décembre avec l’éviction et l’incarcération de l’ancien président de gauche, remplacé par sa vice-présidente.
De nouvelles charges
Pedro Castillo, 53 ans, est accusé d’avoir tenté un coup d’État en voulant dissoudre l’Assemblée qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir. Dans une audience distincte, l’ex-président a comparu mardi après la demande du ministère public de prolonger sa détention provisoire de 18 à 36 mois.
Le Parquet souhaite ajouter les charges d’«organisation criminelle, collusion et trafic d’influence» à celle de «rébellion» et «conspiration» déjà retenues. «Je nie fermement et catégoriquement être responsable et faire partie d’un réseau criminel», a déclaré Pedro Castillo lors de l’audience virtuelle. «Le seul crime que j’ai commis a été de servir mon pays en tant que président de la République», a ajouté l’ancien chef de l’État, qui dit se sentir «kidnappé».
Sa chute après 17 mois à la tête du pays a déclenché de violents affrontements entre manifestants le soutenant et forces de l’ordre. Outre la démission de Dina Boluarte, les protestataires exigent la dissolution du Parlement et la tenue d’élections anticipées en 2023.