Extrême droiteRémy Daillet en garde à vue pour des projets de coup d’État et d’attentats
Un événement qui intervient deux semaines après le placement en garde à vue de 4 proches du complotiste Rémi Daillet, également soupçonnés de projets d’actions violentes.
Figure des milieux complotistes, Rémy Daillet, déjà poursuivi dans l’enquête sur l’enlèvement d’une fillette au printemps dans les Vosges, a été placé en garde à vue mardi avec sa secrétaire pour des projets de coups d’État et d’actions violentes, ce qu’il conteste.
Soupçonné d’avoir organisé l’enlèvement en avril de la petite Mia et mis en examen à Nancy dans cette affaire, Rémy Daillet a été extrait de sa cellule mardi pour être placé en garde à vue, ont indiqué jeudi à l’AFP des sources proches du dossier confirmant une information du Parisien.
Cette fois, il est soupçonné d’avoir envisagé des «projets de coups d’État et d’autres actions violentes» dont un attentat contre une loge maçonnique de l’est de la France, a-t-on précisé de source proche du dossier. Sa secrétaire, Ginette M., âgée de 67 ans, a été également interpellée mardi, dans l’Aude où elle réside, et placée en garde à vue, a-t-on ajouté de même source. Tous deux étaient interrogés dans les locaux de la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure).
Rémy Daillet, 54 ans, est soupçonné d’être «le cerveau» d’un groupe projetant des actions violentes, selon des sources proches du dossier. Depuis le mois de mai, douze personnes appartenant à l’ultradroite ont été mises en examen pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle» pour des projets d’actions violentes.
Parmi ces suspects, certains sont soupçonnés d’appartenir au groupuscule «Honneur et nation» qui projetait d’attaquer une loge maçonnique dans l’est de la France. Les investigations des juges antiterroristes, confiées à la DGSI, se sont ensuite orientées vers des proches de Rémy Daillet. Le 8 octobre, quatre hommes âgés de 43 à 69 ans, dont deux militaires, habitant dans les Hautes-Pyrénées, la Meuse et les Hauts-de-Seine notamment, ont été mis en examen.
Convaincus qu’«Emmanuel Macron est au service de l’argent et qu’il faut en finir avec le grand capital», ces hommes avaient «l’idée d’un coup d’État, d’un renversement du gouvernement français», avait relaté à l’AFP une source proche du dossier.
«L’idée d’un renversement»
«L’opposant politique Rémy Daillet n’a strictement aucun lien ni avec le groupuscule "Honneur et nation" ni avec les projets d’attentats que l’on prête à ses membres dont il n’a pas connaissance», a réagi dans un communiqué son avocat, Me Jean-Christophe Basson-Larbi. «Aucun élément objectif ne démontre son implication» dans les différents projets, selon l’avocat.
Parmi les cibles des mis en cause figuraient entre autres des antennes 5G, des centres de vaccination, des journalistes et des personnalités, avaient détaillé deux sources proches de l’enquête. «Le groupuscule "Honneur et nation" n’a aucun rapport avec "La Nouvelle France", le mouvement politique de Rémy Daillet qui appelait au "renversement pacifique et populaire" du gouvernement français et non à des attentats ou des actes de terrorisme néonazis», ajoute Me Basson-Larbi, qui voit dans ce dossier «la volonté du pouvoir politique et des services français d’embastiller durablement» son client, un «prisonnier politique».
Parmi les quatre suspects arrêtés début octobre, deux sont également poursuivis dans l’affaire de l’enlèvement de la petite Mia.
Dans cette enquête, confiée à deux juges d’instruction du tribunal judiciaire de Nancy, Rémy Daillet a été mis en examen mi-juin pour «complicité d’enlèvement d’un mineur de 15 ans commis en bande organisée et association de malfaiteur en vue de commettre le crime d’enlèvement de mineur de quinze ans en bande organisée».
«Animateur» de la «mouvance» antisystème dans laquelle évoluaient les ravisseurs de la fillette, il «apparaît comme l’organisateur d’un mouvement appelé "Le Renversement" dans lequel «il promeut l’idée selon laquelle il convient de mener des actions visant à restituer à leurs parents des enfants pourtant régulièrement placés», avait détaillé le procureur de la République de Nancy, François Pérain.
Dix autres personnes sont poursuivies dans cette enquête. Installé en Malaisie, Rémy Daillet ignorait «l’existence de ce mouvement et de ses activités, sans lien avec son organisation politique», assure son avocat. Il avait été arrêté fin mai avec sa compagne et leurs trois enfants puis expulsés par les autorités malaisiennes en raison de leurs visas expirés.