Amérique du SudCaracas et Bogota achèvent la réouverture de leur frontière commune
Le Venezuela et la Colombie ont ouvert dimanche le pont Tienditas, dernier point de passage encore fermé entre les deux pays après la normalisation de leurs relations.
Le Venezuela et la Colombie ont achevé dimanche la réouverture de leur frontière commune en rétablissant le dernier passage qui était encore fermé, après avoir rétabli l’an dernier des relations diplomatiques rompues en 2019 en raison de divergences politiques. L’ouverture du pont international reliant les villes d’Ureña (Venezuela) et de Cucuta (Colombie), est symbolique: ce passage, construit en 2016, n’avait jamais été inauguré.
Il était bloqué par de gigantesques conteneurs métalliques installés par les militaires vénézuéliens en 2019. Caracas entendait empêcher ainsi l’arrivée de la nourriture et des médicaments envoyés par les États-Unis en soutien au leader de l’opposition Juan Guaido. Ce dernier était alors reconnu par la Colombie comme «président en charge» du Venezuela, pour avoir remis en cause la réélection qu’il jugeait frauduleuse du chef de l’État socialiste Nicolas Maduro. La reconnaissance de Juan Guaido par l’ancien président colombien de droite Ivan Duque avait conduit à la rupture des relations et à la fermeture totale des postes frontières.
Dimanche, les conteneurs avaient disparu. Les autorités des deux pays, au milieu d’une foule agitant des ballons jaunes, bleus et rouges – les couleurs de leurs drapeaux nationaux – ont inauguré le pont international. Celui-ci a été baptisé pont Atanasio Girardot, du nom d’un révolutionnaire colombien compagnon d’armes de Simon Bolivar, père de l’indépendance de la Colombie et du Venezuela au XIXème siècle.
Échanges commerciaux
Le Venezuela et la Colombie ont rétabli leurs relations après l’arrivée au pouvoir en Colombie du président de gauche Gustavo Petro, qui s’était engagé à normaliser les relations avec Caracas. Le 26 septembre, les camions ont été autorisés à franchir la frontière après sept ans de fermeture partielle et trois ans de fermeture totale pour les véhicules (elle n’était ouverte qu’aux piétons).
Le Venezuela est également l’un des garants des négociations entre le gouvernement colombien et la guérilla de l’ELN, qui cherche à imiter l’accord de paix signé en 2016 avec les FARC. Gustavo Petro a annoncé samedi un accord de cessez-le-feu avec ces rebelles du 1er janvier au 30 juin 2023, «prolongeable en fonction des progrès» des pourparlers.
En rouvrant leur frontière de 2200 km, le Venezuela et la Colombie espèrent relancer leurs échanges commerciaux qui atteignaient 7,2 milliards de dollars en 2008, mais à peine 400 millions de dollars en 2021. L’ouverture d’autres points de passage vers les États vénézuéliens de Zulia, Apure et Amazonas a également été officialisée dimanche.
«Fraternité, croissance et prospérité»
«Que cette ouverture soit le chemin d’une longue réunion de fraternité, de croissance et de prospérité pour les deux nations», a célébré le gouverneur de l’État vénézuélien de Tachira, Freddy Bernal, lors de la cérémonie sur le pont Atanasio Girardot. «Nous nous unissons aujourd’hui dans la fraternité historique, culturelle et sociale qui nous a toujours identifiés», a déclaré son homologue du département colombien de Norte de Santander, Silvano Serrano.
Avec le rétablissement des relations, les vols ont également repris, bien que de nombreuses compagnies aériennes attendent toujours l’autorisation d’opérer.
Gustavo Petro, premier président de gauche de Colombie, s’est rendu à Caracas le 1er novembre pour sa première rencontre en tête-à-tête avec Nicolas Maduro depuis la reprise des relations.