Amérique du NordJoe Biden en visite au Canada, avec quelques sujets délicats à évoquer
Pour la première visite d’un président américain au Canada depuis 2009, Joe Biden devra aborder avec Justin Trudeau plusieurs sujets délicats.
Joe Biden est arrivé jeudi au Canada pour une visite qui s’annonce fort cordiale, mais ne devrait pas évacuer pour autant quelques sujets délicats, liés au commerce, à la coopération militaire et à Haïti.
Un autre motif de friction semblait jeudi sur le point d’être aplani: la question de l’immigration irrégulière arrivant des États-Unis vers le Canada. Radio Canada et le New York Times ont annoncé en fin de journée que les deux pays avaient trouvé un accord pour fermer la principale voie d’accès des migrants, située au sud de Montréal. Mais le président américain n’a pas répondu à la question d’un journaliste en la matière alors qu’il arrivait avec son épouse Jill Biden à la résidence du Premier ministre canadien pour une soirée privée.
Plus tôt, sa porte-parole Karine Jean-Pierre avait renvoyé à vendredi une éventuelle confirmation de ces informations de presse. «Les États-Unis (étaient) décidés à travailler» avec le Canada pour gérer les flux migratoires, avait-elle indiqué. Selon Radio Canada et le New York Times, Ottawa s’engagerait en échange de la fermeture de cette voie d’accès de fortune, appelée le «chemin Roxham», à accueillir un certain nombre de migrants entrant de manière régulière.
Une première depuis 2009
Vendredi, les deux dirigeants auront une réunion de travail, avant que Joe Biden ne s’adresse au Parlement canadien. Le président donnera ensuite une conférence de presse commune avec Justin Trudeau, avant un dîner de gala.
Il s’agit de la première visite du genre depuis celle de Barack Obama en 2009. L’usage veut que le président américain réserve au Canada son premier voyage après l’investiture. Mais pandémie oblige, Joe Biden s’était contenté en février 2021 d’une «visite» virtuelle. Ce déplacement marque la cordialité retrouvée entre les deux pays après la présidence de Donald Trump, qui entretenait une relation notoirement difficile avec Justin Trudeau.
Cette fois, le ton sera tout autre mais cela n’évacue pas tous les sujets de friction. Un autre sujet épineux pourrait être celui de la défense, et plus particulièrement de la contribution canadienne à l’Otan et au Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (Norad).
Défense
Les États-Unis et le Canada sont sur la même longueur d’onde quant au soutien à l’Ukraine. Mais Ottawa est loin de consacrer 2% de son produit intérieur brut (PIB) à ses dépenses militaires, le seuil fixé pour les pays membres de l’Otan.
Les deux dirigeants devraient enfin parler de la situation en Haïti, en proie à la violence extrême des gangs et à une crise humanitaire. Washington verrait d’un bon œil que le Canada joue un rôle moteur dans l’envoi d’une force internationale dans le pays. Pour la Maison-Blanche, «la situation sur le terrain ne s’améliorera pas sans assistance militaire internationale», a dit Karine Jean-Pierre, indiquant que les «discussions» continuaient avec le Canada et d’autres pays.
Dernier sujet sensible à l’agenda vendredi: le commerce. Le président américain, qui défend sans complexe le «Made in America», a fait adopter un pharaonique plan de subventions pour la transition énergétique, l'«Inflation Reduction Act» (IRA). A Ottawa, on se félicite que les États-Unis aient pris en compte le Canada dans un dispositif de subventions concernant les voitures électriques, «mais cela ne doit pas s’arrêter là», selon des sources gouvernementales canadiennes.