Ski alpin«Shiffrin, je la mettrais dans le vent», assure la légende Marielle Goitschel
Septuple championne du monde dans les années 60, la Française est convaincue qu’elle brillerait sur le Cirque blanc actuel. Et qu’elle ferait mieux que concurrencer la star américaine.
«Quand je vois le ski d'aujourd'hui, je me dis que c'est fait pour moi!» Figure historique du ski français, la septuple championne du monde Marielle Goitschel a posé pour l'AFP son regard sur le ski alpin actuel, avant les Championnats du monde de Courchevel/Méribel qui débutent lundi.
L'ex-skieuse, âgée de 77 ans, n'a rien perdu de sa gouaille légendaire. Avec onze médailles mondiales, Marielle Goitschel partage le record féminin d'après-guerre avec la Suédoise Anja Pärson et la star américaine Mikaela Shiffrin, proche de devenir la skieuse la plus victorieuse en Coupe du monde. «Il faut arrêter de dire le record, le plus grand de tous les temps, c'est zéro. Pour comparer il faut un même plan», assène Goitschel, fière d'être la Française la plus médaillée aux Mondiaux (hommes et femmes confondus) avec notamment sept titres entre 1962 et 1968. «Celles qui me plaisent, ce sont les meilleures. J'adore Petra Vlhova, j'aime bien Mikaela Shiffrin, c'est la seule qui approche mon nombre de médailles. J'aime l'équipe italienne avec Sofia Goggia, elle n'est pas grande, mais elle a une façon unique d'utiliser le terrain, elle transpire le ski. Ce sont des battantes, des filles qui n'acceptent pas l'idée de perdre. Quand j'étais 2e, j'étais mortifiée, sauf si c'était derrière ma sœur Christine».
Piquets en bois
Toujours attentive à l'actualité de son sport, elle affirme qu’elle brillerait dans le ski moderne: «En super-G (ndlr: créé après sa carrière), je n'aurais pas laissé une seule médaille! Et en slalom, alors là, intouchable. Shiffrin, je la mettrais dans le vent les doigts dans le nez.»
En soixante ans, les choses ont en effet bien changé, pour elle qui a connu les piquets en bois. «Je les touchais tous. Je me suis terriblement esquintée, ce qui m'a valu des opérations des deux épaules, du coude et des genoux. On n'était pas protégées, on courait en pantalon de ski et en pull. On mettait des serviettes hygiéniques sur les bras pour les coups que je donnais aux piquets, ce qui m'a valu une nécrose terrible. On était peu à skier comme les garçons. D'ailleurs à l'époque, je battais les garçons à l'entraînement en slalom.»
Génération dorée
Titrée aux Jeux olympiques en 1964 à Innsbruck (géant) et en 1968 à Grenoble (slalom), Goitschel appartient à la génération dorée du ski français avec sa sœur Christine, Jean-Claude Killy, Guy Périllat, Annie Famose ou encore Isabelle Mir, stars de leur temps.
Entre une virée à bord de sa MGB avec Claude François («Il était fan complet des sœurs Goitschel»), son engagement politique pour Charles de Gaulle et une rencontre avec Audrey Hepburn, cette jeune femme «culottée» se battait contre «l'injustice» pour obtenir notamment des primes équivalentes à celles des hommes.
Avec ses anciennes coéquipières, dont elle est restée proche, Marielle Goitschel est invitée aux Mondiaux et devrait se rendre au départ du géant féminin. L'occasion d'une photo avec Mikaela Shiffrin?