Guerre en UkraineL’Afrique «otage» de l’invasion russe, selon Volodymyr Zelensky
Pensant que la Russie «a besoin de cette crise», le président ukrainien a déclaré, devant l’Union africaine, que l’invasion de son pays influence négativement les prix des céréales, en plus du blocus en mer Noire.
L’Afrique est «otage» de l’invasion russe en Ukraine, à l’origine de fortes tensions sur le marché des céréales destinées à l’exportation vers le continent, a affirmé, lundi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans un discours en visioconférence adressé aux membres de l’Union africaine (UA).
Le niveau «injuste» des prix alimentaires «provoqué par la guerre russe se fait douloureusement sentir sur tous les continents», a déploré le président ukrainien. Il a indiqué que des «négociations difficiles» étaient actuellement en cours pour débloquer les ports ukrainiens, où des millions de tonnes de céréales ne peuvent actuellement être exportées vers l’Afrique, en raison du blocus de la flotte russe en mer Noire.
Moscou «aggrave» la crise
«Il n’y a pas encore de progrès», a-t-il admis, estimant que «la crise alimentaire dans le monde durera tant que cette guerre coloniale continuera». Les Russes «ont besoin de cette crise», a-t-il fustigé. «Ils l’aggravent de façon délibérée.» «Aucun véritable outil n’a encore été trouvé pour s’assurer que la Russie n’attaque pas à nouveau les ports», a déploré le président ukrainien, pour qui «se débarrasser de la menace de la famine» est «notre mission numéro un».
L’Ukraine, avec ses partenaires, «essaye de construire une nouvelle logistique d’approvisionnement» des céréales vers les pays africains et d’autres continents, a-t-il détaillé, «les organisations internationales n’étant pas en mesure d’influencer» la Russie «pour rétablir la sécurité alimentaire internationale».
L’Afrique reste «attachée à la liberté du commerce»
Volodymyr Zelensky a dit par ailleurs vouloir «intensifier» le dialogue avec les États membres de l’Union africaine, en nommant prochainement un «représentant spécial de l’Ukraine pour l’Afrique». Il a aussi proposé de préparer une «grande conférence politique et économique Ukraine-Afrique».
Le président sénégalais Macky Sall, qui assure aussi actuellement la présidence de l’UA, a salué «l’adresse conviviale» de Volodymyr Zelensky lundi, réaffirmant que «l’Afrique» restait attachée au «respect des règles du droit international, à la résolution pacifique des conflits et à la liberté du commerce».
Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’organisation panafricaine, a lui aussi indiqué que l’UA avait «réitéré» sa position sur la «nécessité urgente d’un dialogue» pour «mettre fin au conflit, afin de permettre le retour de la paix dans la région et de rétablir la stabilité mondiale».
Moscou accuse l’Occident d’agir en «destructeur»
De son côté, la Russie a soutenu, lundi, que la hausse du prix des céréales, qui fait craindre une crise alimentaire mondiale, était le résultat des actions «destructrices» de l’Occident, et non du blocage par Moscou des exportations d’Ukraine. «Concernant la possibilité d’une famine, de plus en plus d’experts penchent vers un scénario pessimiste. C’est la faute des régimes occidentaux, qui agissent comme des provocateurs», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
Selon elle, l’Occident a fait des «erreurs systématiques» dans la planification de sa politique agricole et a provoqué une inflation mondiale avec des mécanismes financiers et monétaires «de courte vue», créés lors de la pandémie. Selon elle, la hausse des prix est aussi le résultat d’une politique de transition énergétique «mal pensée» par les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, «notamment l’introduction forcée de biocarburants».
Enfin, Maria Zakharova a pointé du doigt les «restrictions illégales» occidentales, prises après l’offensive du Kremlin en Ukraine et qui ont perturbé les circuits logistiques et financiers russes, notamment pour l’exportation de céréales.