Football«T’as où l’état d’esprit?», le nouveau hit du FC Sion
En battant Nyon avec la manière, le club valaisan a idéalement lancé sa semaine de tous les possibles. Didier Tholot se félicite que son équipe a préféré… le TGV au bus!
- par
- Nicolas Jacquier Sion
31 (!) tirs au goal, 18 (!) corners à 1... Comme par enchantement, Sion a retrouvé vendredi soir tout ce qu’il peut et sait être au meilleur moment. Mais 1-0 «seulement» contre Nyon pourtant, une délivrance tardive signée Sorgic (72e). Cela suffit au bonheur absolu des Valaisans, dont la victoire à Tourbillon, couplée à la lourde défaite du FC Thoune au Brügglifeld (3-0 pour Aarau), leur offre à nouveau sept points d’avance – avec certes un match en plus – avant le rendez-vous de la Stokhorn Arena, lundi soir déjà.
«Il fallait rester calme, surtout ne pas s’énerver, résumait Ali Kabacalman, invité à détailler, peu après le coup de sifflet libérateur, ce qu’avait été la clé d’une soirée longue à se débloquer. On avait déjà vécu un match similaire récemment contre Xamax ici-même. A la mi-temps, on s’est dit que ça allait finir par passer…» Héroïque, Omeragic, le portier stadiste, a tenu quasi seul la baraque en multipliant les parades de grande classe durant plus d’une heure.
Après trois sorties consécutives en demi-teinte sinon ratées à domicile, Sion a affiché cette fois l’allant d’un leader. Didier Tholot a pleinement savouré ce qu’il a vu. «J’ai bien aimé le comportement des gars. On a retrouvé le dynamisme qui nous avait peut-être manqué ces derniers temps,»
Au moment de l’emballage final et alors que se profile une demi-finale de Coupe contre Lugano qui mobilise déjà tout un canton, le coach de Tourbillon n’avait pas hésité à se préoccuper du moyen de transport que son équipe allait emprunter au moment d’évoquer les échéances rapprochées à venir, avec un triptyque derby, finale de championnat et demi-finale de Coupe. Son discours devant l’équipe avait le mérite de la clarté: «Je l’ai dit à mes joueurs: cette semaine, soit on avait envie de prendre le TGV, soit on se contentait du bus. Ce soir (hier), on a plutôt opté pour le TGV, donc c’est bien.»
Prochain arrêt lundi soir dans l’Oberland (20h15), face à ce FC Thoune contre lequel il a concédé ses deux seules défaites de la saison. «Il faut continuer le boulot, on peut faire une saison exceptionnelle. Il vaut mieux être devant avec des points d’avance que l’inverse. Cela dit, ne tirons pas de plans sur la comète de manière précipitée, rien n’est encore fait.»
Un rôle de locomotive
A Tourbillon, où son nom est longuement scandé après chaque victoire, Didier Tholot offre du rêve à tous ceux qui s’identifient aux valeurs qu’il prône. Des valeurs de combat et d’engagement très valaisannes, n’excluant nullement une touche plus technique. Avec un recrutement ciblé, dénué de folies outrancières. Cela ne suffira pas forcément toujours à l’étage au-dessus mais cela suffit déjà largement maintenant – alors tant qu’à faire, autant en profiter.
Désormais, on ne cherche plus le chalet, ni les vaches ou les vignes mais… «t’as où l’état d’esprit?». Sion en a même fait son nouveau tube de la saison. Parce que quand l’état d’esprit est là, s’invitant sur la pelouse, le champ des possibles s’aggrandit considérablement, jusqu’à ne plus avoir de limites objectives.
«Avant de se projeter sur le match de Thoune, on va d’abord savourer cette victoire», convenait Tholot, avant d’évoquer son apport personnel: «Mon rôle, expliquait-il en substance, c’est de dégager une sérénité même si tu traverses parfois un coup de moins bien. Je suis un peu la locomotive du groupe.» Et donc du TGV, lancé à pleine vitesse sur les rails de la Super League.
A l’origine du renouveau du FC Sion, le technicien français n’aura pas trop de difficultés à trouver de nouvelles sources de motivation au moment de présenter l’enjeu du choc au sommet de la Stockhorn Arena. D’abord parce que le visiteur, souvent plus à l’aise sur les routes (avec déjà 35 points engrangés en déplacement) qu’à la maison (33 points obtenus), cherchera à y préserver son invincibilité à l’extérieur.
Thoune s’était mal comporté
Ensuite parce que personne, au sein même du club valaisan, que cela soient les joueurs, le staff ou les dirigeants, n’a oublié les circonstances de l’humiliante défaite subie à domicile contre les Bernois, le 15 mars dernier. Notamment quand ceux-ci, au coup de sifflet final, avaient exagérément fêté leur victoire en multipliant les provocations et les excès jusqu’à l’écœurement, n’hésitant pas à narguer leur hôte de manière aussi déplaisante que déplacée. Des scènes qui avaient alors choqué les témoins présents sur place.
Lundi soir, les révoltés de Tourbillon ont l’occasion rêvée de remettre le FC Thoune à sa juste place. «On aimerait tous prendre notre revanche, reconnaît Kabacalman. C’est la seule équipe que l’on n’est pas parvenue à battre cette saison. On aimerait rémédier à ça et lui mettre un vrai k.-o.»
Ce sera ensuite, cinq jours plus tard, la demi-finale de Coupe contre Lugano que tout le Valais attend; la poursuite d’un autre rêve, pourtant peut-être bien plus réel que jamais. La fièvre d’un autre samedi soir qui pourrait transporter Sion au Wankdorf, le 2 juin. Forcément en TGV valaisan…