VenezuelaLa principale opposante conteste son inéligibilité
La principale opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, candidate à la présidentielle de 2024 face au chef d’État Nicolas Maduro, a contesté son inéligibilité devant la Cour suprême, a-t-elle annoncé vendredi.
«Personne ne nous écartera du chemin électoral. Maintenant, la balle est dans le camp de Maduro, et Maduro devra décider s’il respecte ou non les accords qu’il a conclus avec les membres de la communauté internationale», a déclaré Maria Corina Machado à la presse à sa sortie de la Cour suprême (TSJ).
«Ils (les dirigeants, ndlr) cherchent des excuses pour ne» pas avoir à m’affronter. «Je suis investie par le peuple vénézuélien Il n’y a pas d’excuses», a ajouté Maria Corina Machado, vainqueure haut la main des primaires de l’opposition.
Cette contestation a donné lieu à un petit imbroglio, l’ambassade américaine ayant annoncé le recours de Mme Machado, avant même l’opposante qui jusqu’à jeudi se refusait à contester son inéligibilité.
Maria Corina Machado, qui accuse la justice d’être aux ordres du pouvoir, avait répété à plusieurs reprises qu’elle ne ferait pas appel de son inéligibilité car elle n’en avait selon elle jamais été officiellement informée. Et ce malgré un accord fin novembre entre l’opposition et le pouvoir lors de négociations auxquelles participe la Norvège.
«Nous applaudissons Maria Corina Machado et les autres candidats pour leur courage et leur volonté de faire appel de leur disqualification», a posté sur le réseau social X l’ambassade des États-Unis au Venezuela, qui opère à Bogota. Les deux pays n’ont plus de relations diplomatiques depuis 2019, dans le sillage de la non-reconnaissance de la réélection du président Maduro un an plus tôt.
Les délégués de l’opposition et du pouvoir lors des négociations avaient annoncé être parvenus le 30 novembre à un accord permettant aux candidats de l’opposition à la présidentielle de 2024 de contester leur inéligibilité devant la Cour suprême.
Corruption et trahison
Maria Corina Machado, ancienne députée, a été sanctionnée de 15 ans d’inéligibilité en raison d’une corruption présumée et pour trahison parce qu’elle avait soutenu les sanctions américaines contre le Venezuela.
Un accord signé à la Barbade entre l’opposition et le pouvoir, fixant notamment la date de la présidentielle (au second semestre 2024) et permettant la présence d’observateurs internationaux lors du scrutin, avait débouché sur un allégement pour six mois des sanctions américaines.
Toutefois, Washington a souligné depuis que l’annulation des inéligibilités était une des conditions pour la levée définitive des sanctions. «Il appartient maintenant aux représentants de Nicolas Maduro de démontrer leur engagement en faveur d’élections compétitives et inclusives», a insisté l’ambassade américaine vendredi.
Le pouvoir a souvent utilisé les inéligibilités contre les opposants, qui les considèrent comme illégales et inconstitutionnelles. Au Venezuela, c’est le Contrôleur général – sorte de Cour des comptes – qui décide des inéligibilités mais la Constitution stipule que seule une décision judiciaire «finale et définitive» peut interdire un candidat de se présenter à la présidence.