Coupe du monde: la Suisse sait maintenant ce qu'elle doit faire

Actualisé

Qatar 2022La Suisse sait ce qu’elle ne devra pas faire au Mondial

La défaite 2-0 contre le Ghana a été celle d’un plan de match complètement raté. Mais à une semaine du premier match de la Coupe du monde contre le Cameroun, l’inquiétude reste relative.

Valentin Schnorhk Abu Dhabi
par
Valentin Schnorhk Abu Dhabi

Voilà, voilà. À une semaine de son entrée en lice à la Coupe du monde, l’équipe de Suisse a été ramenée à une réalité: elle n’a pas une accumulation de certitudes. La défaite 2-0 contre le Ghana à Abu Dhabi jeudi l’a mis en exergue. Et la Suisse retrouvera Doha avec une confiance légèrement altérée.

Les choix de Murat Yakin ont surpris jeudi. Mais le sélectionneur ne se fait pas trop de souci.

Les choix de Murat Yakin ont surpris jeudi. Mais le sélectionneur ne se fait pas trop de souci.

freshfocus

La chaleur émiratie ne lui a en tout cas pas convenu. Les joueurs l’ont reconnu à la sortie de la rencontre. Mais l’équipe nationale est dans un processus d’adaptation: au climat et au rythme de la journée, avec cette rencontre placée relativement tôt. L’heure sera la même la semaine prochaine contre le Cameroun. «C’était un test d’ensemble, pas seulement le match amical en soi», explique Murat Yakin. Dans une semaine, il n’y aura en tout cas plus le temps d’essayer quoi que ce soit.


Les trois enseignements

  • Prenez Ghana-Suisse et oubliez tout. L’équipe nationale ne sait peut-être pas encore ce qu’elle devra faire contre le Cameroun, mais elle peut en tout cas être sûre de ce qu’elle ne devra pas faire. Autrement dit, il y a peu de chances que, à court terme, Murat Yakin choisisse de persévérer avec ce système à trois défenseurs. Aussi, les différentes expérimentations (de postes, de joueurs, etc.) n’ont révélé rien de positif, tant sur le plan offensif que défensif.

  • Parce que ce n’est qu’un match amical disputé dans une grosse chaleur, il n’y a pas lieu de dramatiser. Les véritables références (positives ou non) de l’équipe de Suisse sont celles du mois de septembre, avec les victoires en Espagne et contre la République tchèque. Remo Freuler l’a d’ailleurs promis: «Ce sera une tout autre équipe de Suisse contre le Cameroun.» Il semble finalement assez probable que l’on reviendra à des certitudes déjà éprouvées ces derniers mois. Et la climatisation sera installée jeudi prochain au Stade Al-Janoub.

  • Malgré toutes les garanties et assurances qu’il donne depuis le début de la semaine, Xherdan Shaqiri manque assez clairement de rythme. Ce sont ses mauvais timings avec et sans ballon qui le disent. Ses enchaînements entre la prise de balle et la passe manquent aussi de spontanéité et de dynamisme. Tout juste l’a-t-on vu donner un bon ballon à Noah Okafor en début de deuxième période, mais cela reste bien pauvre pour celui qui doit faire des différences.


Le Suisse dans son rôle: Breel Embolo

freshfocus

Il n’a pas tout réussi, loin de là. Durant la mi-temps qu’il a disputée, Breel Embolo se sera notamment illustré par certaines imprécisions techniques, un manqué devant le but sur une bonne remise de Freuler et des dribbles pas toujours bien négociés. C’est vrai. Mais on aura aussi remarqué sa centralité dans le jeu offensif suisse. C’est lui qu’on cherche en premier lieu pour donner de la verticalité au jeu. Et ce rôle-là, il l’assume mieux que n’importe qui. Il n’est pas le meilleur Suisse jeudi, mais il avait les ingrédients pour l’être.


Le Suisse négligent: Manuel Akanji

freshfocus

Il ne faut pas y voir une façon de remettre en cause son importance pour l’équipe de Suisse: Manuel Akanji est intouchable. Mais il n’a pas été au rendez-vous de ce match de préparation jeudi. Une mi-temps de disputée, et beaucoup de négligence. Dans son énergie à courir vers l’arrière, dans les choix de jeu balle au pied. Entre autres. Il faut sans doute y voir une manière de se préserver. Et à vrai dire, la seule véritable question de la défense centrale est de savoir qui de Nico Elvedi ou de Fabian Schär l’accompagnera dans l’axe d’une défense à quatre.


La décla’

«Je me fais aucun souci pour la semaine prochaine. Nous n’avons pas de blessés, c’est l’essentiel.»

Murat Yakin, sélectionneur de l’équipe de Suisse

Le fait tactique

C’est bien sûr le principal élément nouveau de cette rencontre-là: le 3-5-2, que Murat Yakin n’avait jamais daigné utiliser depuis sa nomination en août 2021. Il ne le voulait pas, alors que le système fonctionnait bien sous Vladimir Petkovic. Façon d’imposer sa marque. Pourquoi pas. D’autant que la défense à quatre a aussi contribué à d’excellents résultats.

Le pressing haut de la Suisse en 3-5-2: Les deux attaquants orientent vers l’extérieur le Ghana. Le marquage individuel des milieux le permet. Une fois le ballon arrivé sur le latéral adverse, c’est l’extérieur qui sort avec intensité (ici Widmer).

Le pressing haut de la Suisse en 3-5-2: Les deux attaquants orientent vers l’extérieur le Ghana. Le marquage individuel des milieux le permet. Une fois le ballon arrivé sur le latéral adverse, c’est l’extérieur qui sort avec intensité (ici Widmer).

Mais demeure une question: pourquoi Yakin l’a-t-il choisie là, ce jour-là? Quels éléments tactiques voulait-il voir? Comment l’a-t-il implémentée? Selon Granit Xhaka, elle a été travaillée lors d’un des deux entraînements effectués au Qatar. Celui de mercredi, en l’occurrence. Les joueurs de l’équipe nationale n’ont en effet appris qu’à la veille du match qu’ils testeraient un nouveau système.

Cela a pu se voir. Les repères n’étaient pas toujours clairs. Notamment défensivement parlant, en bloc bas ou médian: la Suisse a montré de réelles difficultés à récupérer la balle lorsque le Ghana développait sa possession. Les phases de pressing, avec Vargas et Widmer sortant très haut sur le latéral adverse pendant que les Suisses optaient sur une approche en marquage individuel dans l’axe, ont été plus intéressantes.

Utiliser l’extérieur pour trouver la profondeur: En s’appuyant sur Widmer à l’extérieur, la Suisse attire le Ghana sur le côté et laisse des espaces dans le dos de la défense. Embolo en profite pour effectuer un appel.

Utiliser l’extérieur pour trouver la profondeur: En s’appuyant sur Widmer à l’extérieur, la Suisse attire le Ghana sur le côté et laisse des espaces dans le dos de la défense. Embolo en profite pour effectuer un appel.

Avec ballon, en revanche, cela fut bien plus compliqué sur la durée. Si le système avec deux extérieurs permet de donner de l’amplitude au jeu et miser sur la profondeur à l’intérieur, le schéma n’a été qu’épisodique. Très vite, la Suisse a retrouvé son idée de verticalité en cherchant Embolo à l’intérieur. Problématique? Pas forcément: très vite, elle reviendra à quatre.


La statistique

0, comme le nombre de tirs cadrés par l’équipe de Suisse à Abu Dhabi jeudi. Il y a pourtant eu sept tentatives, mais pas de quoi s’emballer: cela ne représente que 0,7 Expected Goal. Relativement peu pour une rencontre face à une équipe d’un niveau a priori abordable. Signe qu’offensivement, le 3-5-2 n’a pas amené grand-chose.


Une question pour penser l’avenir

freshfocus

Xherdan Shaqiri sera-t-il vraiment prêt à disputer un match de Coupe du monde la semaine prochaine?

Ton opinion

3 commentaires