JuraUne députée en violet pour une histoire de nombril
En signe de protestation contre un nouveau règlement vestimentaire jugé sexiste dans un collège de Porrentruy, Émilie Moreau a siégé mercredi en affichant sa couleur féministe.
- par
- Vincent Donzé
Se vêtir en violet pour protester contre un règlement vestimentaire jugé sexiste au collège Thurmann de Porrentruy, c’est une proposition qui a été suivie avec parcimonie, mercredi au Parlement jurassien. La seule qui le matin portait résolument la couleur féministe, polo et masque, c’est la députée vert’libérale Émilie Moreau. Elle a été rejointe l’après-midi par la députée socialiste Lisa Raval, dans une belle robe violette, le ventre rebondi.
Toutes deux sont de Porrentruy. Plus discrètement, le violet était porté par le vert’libéral Alain Beuret. Un foulard était visible dans les travées, mais surtout, le ministre David Eray a mis une cravate violette. La polémique a été évoquée à l’heure des questions orales.
L’indignation d’Émilie Moreau trouve son origine dans deux pictogrammes qui montrent aux 12-16 ans comment ne pas s’habiller. Pas de nombril à l’air: la zone litigieuse se situe entre le haut du buste et le milieu des cuisses. Avec ses deux filles de 11 ans et 14 ans, Émilie Moreau connaît la musique: «Les crops tops se portent avec des tailles hautes et ne laissent pas apparaître grand-chose du ventre. Un règlement n’a pas sa place dans un domaine qui reste subjectif: jusqu’où un décolleté est-il trop plongeant? Mieux vaut juger cas par cas», estime Émilie Moreau.
Le directeur du collège Thurmann s’est défendu de tout sexisme en relevant qu’il y a un pictogramme pour les filles et un autre pour les garçons, mais la députée socialiste Jelica Aubry-Janketic a relevé qu’un garçon peut aller à l’école en jogging sans que cela pose un problème: «Que veut donc dire une tenue vestimentaire convenable?» s’est-elle interrogée.
Des collégiennes en jupe, on n’en verra pas, même à Porrentruy. «L’habillement, avec ses symboles, c’est un parcours initiatique, un moyen d’expression qui change au gré des modes», reprend Émilie Moreau, qui «aime bien les fringues». «Ma fille aînée n’y voit pas une forme de séduction», dit-elle.
Une remarque lui importe: «Les crops tops sont portés par des filles de toutes morphologies, qui s’assument complètement». Sa fille aînée est scolarisée au collège Stockmar, où le règlement vestimentaire se limite au port de la casquette, sa cadette est à l’école primaire de l’Oiselier. La solution? «Je ne porte pas les mêmes fringues en privé qu’au boulot: à nous d’expliquer quelles sont les tenues appropriées», conclut Émilie Moreau.