ÉvasionSix Palestiniens s’évadent d’une prison israélienne
Six Palestiniens, dont un ex-leader d’un groupe armé, sont parvenus à s’échapper en creusant un tunnel sous un évier, dans la prison de Gilboa, au nord d’Israël.
Dans un scénario rappelant le film hollywoodien «Shawshank redemption», six Palestiniens, dont un ex-leader d’un groupe armé, se sont évadés lundi, d’une prison en Israël, via un tunnel creusé sous un évier, déclenchant une vaste chasse à l’homme.
Avant l’aube, les services carcéraux israéliens ont indiqué qu’une première alarme avait été déclenchée vers 03h00 (02h00 en Suisse) lorsque des résidents ont affirmé avoir vu des «personnes suspectes» aux alentours de la prison de Gilboa (nord), où sont incarcérés des centaines de Palestiniens.
Un tunnel sous l’évier
Des images des services carcéraux montrent un tunnel sous une large céramique de salle de bains, au pied d’un évier, par lequel les détenus se sont évadés de cette prison de haute sécurité. À l’extérieur, les policiers ont localisé un trou creusé dans le sol.
Les services pénitentiaires ont indiqué être en train de relocaliser les quelque 400 prisonniers de Gilboa détenus pour des «crimes liés à la sécurité», afin d’éviter qu’ils s’évadent par d’autres tunnels qui auraient pu être creusés sous terre.
Les services pénitentiaires ont indiqué être en train de relocaliser les quelque 400 prisonniers de Gilboa détenus pour des «crimes liés à la sécurité» afin d’éviter qu’ils s’évadent par d’autres tunnels qui auraient pu être creusés. Cette rare évasion n’est pas sans rappeler le film américain réalisé par Frank Darabont, «Shawshank redemption» (Les Évadés, 1994), dans lequel un homme s’évade de prison via un tunnel qu’il a mis des années à creuser.
Cette évasion, qui a pris de surprise Israël, intervient au moment où le pays entame la saison des fêtes juives, à commencer par le Nouvel an, Rosh Hashana. Le Premier ministre Naftali Bennett, qualifiant l’incident de «très grave», a assuré suivre en temps réel la traque des fugitifs.
«Très grave incident»
La police israélienne a lancé une vaste chasse à l’homme et indiqué en fin de journée toujours tenter de localiser les fugitifs, tandis que les rumeurs fusent sur les réseaux sociaux quant à l’évolution des recherches. Des chiens renifleurs sont à l’œuvre et des points de contrôle ont été mis en place dans les environs de la prison.
Selon des médias israéliens, les évadés pourraient déjà avoir regagné la Cisjordanie, où dans certains secteurs la sécurité est assurée, en théorie, par des unités palestiniennes. L’armée israélienne a mis à la disposition de la police des moyens d’observation aériens et dit avoir préparé ses troupes à intervenir au besoin en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967.
Elle s’est d’ailleurs déployée aux alentours de Jénine (nord de la Cisjordanie), d’où sont originaires de nombreux évadés, a constaté un journaliste de l’AFP, qui a vu en soirée de nombreuses personnes dans les rues célébrer l’évasion. «Pour l’instant la situation est calme, mais la surveillance est sans précédent», a indiqué à l’AFP Akram Rajoub, le gouverneur de la région de Jénine. Plusieurs anticipent une offensive de l’armée israélienne.
Le camp de réfugiés de Jénine, qui jouxte la ville éponyme, est «habitué aux incursions» de l’armée israélienne, même s’il est situé dans une zone sous contrôle palestinien, a indiqué à l’AFP Hassan al-Amouri, chef du comité populaire local. «Tout est possible», a-t-il ajouté à propos d’une possible offensive israélienne dans ce camp lourdement armé.
Les évadés ont été écroués pour avoir, selon Israël, préparé ou mené des attaques contre des Israéliens, à l’instar de Mahmoud Abdullah Ardah, écroué depuis 1996 et condamné à perpétuité. Ce vétéran des prisons israéliennes est un membre connu du Djihad islamique -- un des principaux mouvements armés palestiniens -- qui avait été placé en isolement il y a quelques années après la découverte de tunnels creusés dans un pénitencier israélien, selon le Djihad islamique.
Des factions jubilent
L’un des fugitifs, Zakaria al-Zoubeidi, était chef des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche armée du parti Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas. Il s’était engagé en 2007 à déposer les armes en échange d’un accord avec Israël visant à le retirer de sa liste des Palestiniens recherchés.
Mais les autorités israéliennes ont ensuite renoncé à cet accord, le service de sécurité intérieure israélien affirmant qu’il avait été impliqué dans «différentes attaques». L’homme avait été arrêté et écroué en 2019. Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza palestinienne, et le Djihad islamique, de même que le Hezbollah libanais ennemi d’Israël, ont salué cette évasion.
C’est «une victoire pour la volonté et la détermination de nos prisonniers héroïques, un réel revers pour le système de sécurité sioniste, que l’occupation présente comme le meilleur au monde», a déclaré Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, le Hezbollah évoquant de son côté «un coup dur» pour les forces israéliennes.
Selon l’armée, la police avait aussi déployé lundi des checkpoints autour de la bande de Gaza pour éviter que les fugitifs tentent de pénétrer dans ce territoire sous blocus israélien. Dans différentes villes de l’enclave, des partisans du Djihad islamique distribuaient des bonbons pour célébrer l’évasion, ont constaté des photographes de l’AFP.