PollutionLes États-Unis de loin le plus gros producteur de déchets plastiques
Les États-Unis sont de loin le pays contribuant le plus à la pollution plastique dans le monde, selon un nouveau rapport publié mercredi, qui appelle à développer une stratégie nationale pour y remédier.
Au total, les États-Unis ont généré environ 42 millions de tonnes de déchets plastiques en 2016 -- soit plus du double de la Chine et davantage que les pays de l’Union européenne combinés, selon une analyse des Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine. Or les États-Unis représentent moins de 5% de la population mondiale.
En moyenne, chaque Américain génère 130 kilos de déchets plastiques par an, la deuxième position revenant au Royaume-Uni, avec 98 kilos annuels par personne. En France, la moyenne est de 43 kilos.
«Le succès de l’invention miraculeuse du plastique au XXe siècle a aussi produit un déluge de déchets plastiques à l’échelle mondiale, partout où nous regardons», a écrit Margaret Spring, présidente du comité d’experts ayant écrit ce rapport, commandé par le Congrès américain. Elle a qualifié le problème de «crise environnementale et sociale».
Au moins 8,8 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans l’océan chaque année dans le monde, soit l’équivalent d’un camion poubelle déchargé dans la mer toutes les minutes, selon le rapport. Tous les plastiques, y compris jetés sur la terre ferme, sont susceptibles de finir dans l’océan, via les rivières par exemple, ajoute-t-il.
Au rythme actuel, la quantité de plastique versé dans l’océan pourrait atteindre 53 millions de tonnes par an en 2030, soit la moitié du poids total de poissons pêché dans l’océan annuellement.
«Accablant»
Les recherches scientifiques ont montré que des centaines d’espèces sont susceptibles de se retrouver prises dans des déchets plastiques ou d’ingérer des microplastiques. Si la production de plastique a explosé, notamment depuis les années 1980, le développement du recyclage n’a, lui, pas suivi.
Le rapport recommande de développer une stratégie nationale aux États-Unis d’ici à la fin de l’année 2022. Il détaille plusieurs axes pour s’attaquer au problème, par exemple en instaurant une limite pour la production de plastique non recyclé, en capturant mieux le plastique dans l’environnement, ou en poussant le développement de substituts. Il recommande également de mieux collecter des données sur la génération de plastique, en identifiant par exemple les plus grosses sources de déchets.
«Il s’agit du rapport le plus complet et accablant sur la pollution plastique jamais publié», a réagi Judith Enk, présidente de l’association Beyond Plastics. «Nous ne pouvons plus ignorer le rôle des États-Unis dans la crise de la pollution plastique, l’une des menaces environnementales les plus grandes à laquelle nos océans et notre planète font face aujourd’hui», a également réagi Christy Leavitt, directrice de la campagne sur les plastiques au sein de l’ONG Oceana.