BerneTentative de chantage: Alain Berset n’a rien à se reprocher
Dans le traitement de l’affaire qui a visé le conseiller fédéral, les Commissions de gestion des Chambres fédérales n’ont rien trouvé pour étayer les accusations de certains médias.
- par
- Eric Felley
Pas de traitement préférentiel pour Alain Berset, pas d‘intervention policière disproportionnée, pas d’abus de ses collaborateurs proches, pas d’usage illégal de sa voiture de fonction et pas de frais d’hôtel sur le dos des contribuables. En cinq points, les Commissions de gestion des Chambres fédérales ont blanchi ce mardi le conseiller fédéral Alain Berset concernant les accusations portées contre lui dans l’affaire de la tentative de chantage dont il a fait l’objet en 2019.
Accusations des médias
Pour établir leur rapport, les deux commissions se sont attelées à répondre aux accusations de l’hebdomadaire «Die Weltwoche» et de la «NZZ am Sonntag» publiés en 2020 et 2021. Le 21 novembre 2020, «Die Weltwoche» révélait l’affaire du chantage qui visait Alain Berset. Celui-ci avait eu une liaison en 2012 avec une musicienne. Sept ans plus tard, le 21 novembre 2019, elle avait pris contact par courriel avec lui pour lui réclamer 100 000 francs, sinon elle rendrait publique leur liaison, ainsi que l’utilisation de la voiture de fonction.
Le chantage
Selon les faits retenus par le rapport, Alain Berset n’était pas certain au début que cette femme soit à l’origine du chantage, ou si elle agissait seule ou avec des complices. Il s’est confié alors à son secrétaire général, puis à son chargé de communication. Face à l’insistance de cette ancienne amie, il a pris contact avec son avocat le 2 décembre 2019. Une plainte pénale a été déposée le 12 décembre. Le 13 décembre, une policière et deux policiers en civil, ainsi qu’un autre fonctionnaire sont venus l’appréhender et perquisitionner son appartement. Le soir même, elle était libérée. Détail piquant, elle avait envoyé la veille une lettre à Alain Berset, où elle disait renoncer à lui soutirer de l’argent. Mais lui ne l’a reçue que le lundi 16 décembre.
Un nom de code
«Die Weltwoche» accusait Alain Berset d’avoir utilisé les grands moyens pour faire arrêter la femme, notamment en utilisant le groupe d’engagement de la police «Tigris». Ceux-ci étaient présents, mais dissimulés, prêts à intervenir «en cas d’escalade». Selon le rapport, ce dispositif n’était pas extraordinaire, mais conforme aux us et coutumes policières. La seule exception à la routine était l’utilisation d’un nom de code pour Alain Berset et la prévenue, un procédé qui «s’applique aux interventions particulièrement délicates du point de vue politique, diplomatique ou médiatique».
Une procédure très discrète
Concernant l’accusation d’un traitement préférentiel de l’affaire par le Ministère public, le rapport relève que celui-ci aurait dû informer son Autorité de surveillance, vu qu’il s’agissait d’une «procédure d’importance systémique», concernant «un magistrat très exposé». Le rapport s’attarde aussi sur l’anonymisation des noms dans l’ordonnance pénale du 14 septembre condamnant la femme. Si le caviardage du nom d’Alain Berset se justifiait, il était «excessif et inutile» pour les autres acteurs de cette affaire, selon l’appréciation de l’Autorité de surveillance. Pour le reste, le rapport estime que le MPC n’a pas agi «différemment ou plus sévèrement qu’à l’accoutumée» envers la prévenue.
Aucune critique
Lors d’un nouvel article paru en septembre 2021, «Die Weltwoche» reprochait à Alain Berset d’avoir utilisé ses collaborateurs proches pour régler une affaire privée. Là aussi, le rapport publié mardi ne voit rien d’illégal dans pareille situation. Le secrétaire général a consacré 3,75 heures à ce dossier sur trois semaines et le chargé de communication a dû consacrer quelques heures à répondre aux journalistes après la parution des articles. Selon la Chancellerie fédérale: «Qu’un membre du Conseil fédéral prévoie de recourir, avec mesure, aux services de ses collaborateurs proches pour se défendre contre une tentative de chantage n’appelle aucune critique».
Une voiture de fonction à disposition
Le rapport se penche encore sur le déplacement d’Alain Berset en septembre 2012 en Allemagne avec son amie. Selon le règlement, chaque membre du Conseil fédéral dispose d’une voiture de fonction avec chauffeur, qui peut servir à des déplacements de fonction, mais aussi privés en Suisse et à l’étranger. Enfin, l’ultime reproche des médias concerne le moyen de paiement utilisé pour régler la note de l’hôtel lors de ce voyage en Allemagne. Ici aussi, le rapport a pu établir qu’elle a été payée avec des moyens privés.