Loi sur le climatLa Poste exprime ses regrets pour la campagne qui a ridiculisé Poutine
Le géant jaune bat sa coulpe pour avoir prêté ses boîtes aux lettres en faveur de la loi sur le climat, qui a utilisé l’image de Vladimir Poutine.
- par
- Eric Felley
Pas contents du tout les élus de l’UDC à Berne. La dernière action de la campagne des partisans de la loi pour la protection du climat, au vote le 18 juin, en a estomaqué plus d’un. La semaine dernière, dans les gares de Zurich, Berne et Genève, ils ont installé des écrans de deux mètres de haut avec une fente. Les voyageurs et les badauds étaient invités à glisser leur bulletin de vote dans l’urne. C’est alors que le visage de Vladimir Poutine sur l’écran se contorsionne et il manque de s’étouffer… «Du courant suisse, plutôt que des huiles minérales de Poutine», dit le slogan pour la loi.
À Zurich, une femme partisane de Poutine a cassé l’écran avec un marteau. À Berne, deux élus UDC ont interpellé leur conseiller fédéral Albert Rösti en charge des télécommunications. «L’installation contient une boîte aux lettres officielle de La Poste Suisse, de couleur jaune. Selon l’agence de publicité responsable, cette boîte aux lettres est reliée au réseau postal et vidée chaque jour», a constaté Roland Rino Büchel (UDC/SG).
Son collègue valaisan Michael Graber (UDC/VS) est tout autant remonté: «Cette campagne de mauvais goût utilise l’image de l’agresseur russe Vladimir Poutine, minimisant ainsi la guerre en Ukraine et ridiculisant les victimes. Il ne s’agit pas seulement de publicité politique, ni de simple correspondance, mais de collecte planifiée de documents de vote en faveur du oui par une entreprise d’État, ce qui rappelle concrètement la situation en Russie».
Neutralité politique rappelée
Et que fait le Conseil fédéral? La réponse du Département d’Albert Rösti se veut générale et diplomate: «Les entreprises étatiques La Poste et les CFF sont fondamentalement attachées à la neutralité politique. Selon un arrêt du Tribunal fédéral, les gares et les trains doivent être considérés légalement comme des espaces publics, c’est pourquoi les CFF sont tenus d’autoriser la publicité politique tant qu’elle n’est pas offensante, discriminatoire ou autrement préjudiciable ou qu’elle ne contient manifestement pas de mensonges. ou des informations trompeuses».
Dans le cas présent, il est précisé que La Poste a été approchée par la fondation Myclimate «pour fournir une boîte aux lettres officielle dans le cadre d’une installation». Elle a facturé ce service, mais après coup, «elle regrette que la mise à disposition d’une boîte aux lettres pour une campagne Myclimate ait donné l’impression qu’elle se positionnait pour une proposition de vote actuelle». Le Conseil fédéral a pris acte des regrets de la Poste. et de rappeler: «Il est crucial que les entreprises affiliées à l’État agissent de manière politiquement neutre. Le Conseil fédéral attend des entreprises affiliées à l’État qu’elles agissent avec prudence avant le scrutin».