Cyclisme: Chronique: «Se faire rouler dessus par un rouleau compresseur»

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CyclismeChronique: «Se faire rouler dessus par un rouleau compresseur»

Antoine Aebi (24 ans) et Antoine Debons (25 ans) disputent respectivement leur premier et deuxième Tour de Romandie. Les Romands, qui évoluent dans une équipe française amateur, racontent à tour de rôle les coulisses de l’épreuve qu’ils font cette semaine avec l’équipe de Suisse.

Sylvain Bolt
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Sylvain Bolt

«Je découvre le World Tour cette semaine et le premier constat: ça roule plus vite de manière générale sur la journée.  C’est un rouleau compresseur et ça ne débranche jamais. Au début de course, le peloton laisse partir l’échappée, c’est vraiment facile, n’importe qui pourrait suivre la meute. Mais par contre, une fois que les grosses équipes mettent en route et qu’elles roulent pour revenir sur l’échappée, ça va partout très fort: à plat, en descente, dans les bosses. C’est très difficile de souffler, on est un peu toujours à fond. Et c’est hyper éprouvant. Tu subis en permanence et tu attends un peu de te faire rouler dessus par le rouleau compresseur.

En France, où j’évolue dans une équipe amateur, les courses sont beaucoup plus décousues. Parce qu’il n’y a pas d’équipier prêt à se sacrifier comme en World Tour. Nous, ce n’est pas notre métier, donc tout le monde a ses ambitions personnelles. Du coup, il n’y a pas d’équipe qui roule aussi fort. Ce sont plutôt des attaques sur attaques, il y a beaucoup de changements de rythme. On est très fatigués aussi à la fin de l’étape mais le tempo est complètement différent. 

«C’est toujours plus sympa de souffrir à l’avant que dans le grupetto. Sinon, il faudra survivre à cette étape.»

Antoine Aebi, coureur Swiss Cycling

Je m’attendais à vivre quelque chose de difficile cette semaine, mais là je me rends compte surtout de l’intensité. Ici, même les équipiers sont des athlètes hors norme et très performants. Ils prennent en main la course à 120 km de l’arrivée et à 3 ou 4 bornes ils arrivent encore à faire mal à des dizaines de coureurs en accélérant. 

Concernant l’étape reine d’aujourd’hui entre Sion et Thyon 2000, soyons clairs: c’est impossible pour un coureur comme moi de briller. Pareil pour les autres coureurs de la sélection nationale suisse. À moins de prendre une échappée et de passer un moment à l’avant. C’est un peu mon idée: prendre du plaisir malgré la difficulté du parcours. C’est toujours plus sympa de souffrir à l’avant que dans le grupetto. Sinon, il faudra survivre à cette étape. Et espérer de ne pas être trop fatigué pour le final dimanche à Genève.»

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