Hong Kong – Les Hongkongais élisent leur Conseil législatif réservé aux «patriotes»

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Hong KongLes Hongkongais élisent leur Conseil législatif réservé aux «patriotes»

La seule vraie inconnue du scrutin sera le taux de participation, thermomètre de l’adhésion des Hongkongais au nouveau système électoral mis en place par Pékin.

Les derniers sondages prédisent une participation de l’ordre de 48%, ce qui serait un chiffre historiquement bas.

Les derniers sondages prédisent une participation de l’ordre de 48%, ce qui serait un chiffre historiquement bas.

AFP

Les Hongkongais ont commencé dimanche à désigner leurs représentants au Conseil législatif de la ville, dont une minorité seulement est élue au suffrage universel, en vertu de nouvelles règles imposées par Pékin selon lesquelles seuls les «patriotes» peuvent se présenter.

Chacun des 153 candidats a dû, pour être autorisé à briguer un siège, donner des gages de loyauté politique à l’égard de la Chine et de «patriotisme». De ce fait, les militants pro-démocratie ont été empêchés de se présenter ou y ont renoncé, lorsqu’ils ne sont pas en prison ou en fuite à l’étranger, et la plupart des candidats affichent un profil semblable.

Sur les 90 sièges du Conseil législatif (le «LegCo»), seuls 20 sont à pourvoir au suffrage universel, moitié moins qu’auparavant, le reste étant désigné par divers comités et groupes d’intérêt acquis au régime chinois. La seule vraie inconnue du scrutin sera donc le taux de participation, thermomètre de l’adhésion des Hongkongais au nouveau système électoral.

Les nouvelles règles ont été imposées par Pékin dans le cadre de la reprise en main de Hong Kong après les gigantesques manifestations pro-démocratie de 2019. Tous les Hongkongais en âge de voter, soit environ 4,5 millions de personnes sur une population totale de 7,5 millions, peuvent participer au scrutin.

Transports gratuits

Daniel So, 65 ans, était parmi les premiers à faire la queue devant un bureau de vote du quartier aisé de Mid-Levels. «Les jeunes ne sont pas tellement intéressés par cette élection parce qu’ils sont induits en erreur par des responsables politiques et médias étrangers», regrette-t-il.

Quand la cheffe de l’exécutif Carrie Lam est arrivée pour voter, trois manifestants de la Ligue des sociaux-démocrates, pro-démocratie, ont scandé: «je veux un véritable suffrage universel». «(Carrie Lam) a dit que c’était une amélioration du système électoral, mais en réalité, cela a privé les Hongkongais de leur droit de vote», a expliqué à l’AFP le militant Chan Po-ying.

Carrie Lam et ses ministres ont multiplié les appels à se rendre aux urnes. Le gouvernement a publié des pages de publicité dans les journaux, distribué des tracts dans les boîtes aux lettres et envoyé massivement des SMS pour rappeler aux Hongkongais d’aller voter. Les transports publics sont gratuits durant la journée électorale.

«Mon vote ne servirait à rien»

Malgré ces efforts, les derniers sondages prédisent une participation de l’ordre de 48%, ce qui serait un chiffre historiquement bas. Parallèlement à ses appels au vote, Carrie Lam a aussi affirmé avant le scrutin qu’un faible taux de participation ne «voudrait rien dire».

«Quand le gouvernement fait bien les choses et que sa crédibilité est forte, la participation des électeurs est moindre car les gens ne ressentent pas vraiment le besoin de choisir de nouveaux représentants», a-t-elle assuré dans les médias d’État chinois la semaine dernière. De récents sondages indépendants situent la cote de popularité de Carrie Lam aux alentours de 36%. «Mon vote ne servirait à rien, parce qu’en fin de compte, ce sont les gens de Pékin qui gagnent», a expliqué à l’AFP une jeune comptable d’une vingtaine d’années qui se fait appeler Loy et n’a pas l’intention de voter.

Le «LegCo» est l’organisme chargé de voter les lois dans l’ancienne colonie britannique, dont le système légal reste distinct de celui de la Chine continentale. Même si les figures acquises à Pékin se sont toujours vu accorder la majorité des sièges au Conseil, une minorité d’opposants y était jadis tolérée, ce qui en faisait un lieu de débats souvent très vifs. Les nouvelles règles imposées par Pékin ont mis un terme à cette tradition.

Éléments «anti-Chinois»

Plus d’une dizaine d’élus lors du précédent scrutin en 2016 sont actuellement en prison en vertu d’une loi draconienne sur la «sécurité nationale» imposée par Pékin l’an dernier, et trois ont fui à l’étranger. Pékin affirme que ce système électoral «amélioré» permettra d’éradiquer les éléments «anti-chinois», et de s’assurer que le «LegCo», où les débats pouvaient jadis être longs et très animés, adoptera plus rapidement les nouvelles lois.

Ouvert à 08H30 (01H30, heure suisse), le scrutin sera clos à 22H30 (14H30, heure suisse). S’abstenir ou voter blanc ou nul reste légal à Hong Kong. En revanche, encourager ces pratiques constitue depuis cette année une infraction pénale.

Dix personnes ont été arrêtées en vertu de cette nouvelle loi, principalement pour des appels au boycott lancés sur les réseaux sociaux, et des mandats d’arrêt ont été lancés contre des militants pro-démocratie réfugiés à l’étranger ayant eux aussi appelé à bouder les urnes. La police a déployé plus de 10’000 agents dimanche dans les rues de Hong Kong pour prévenir tout incident.

Dans un geste symbolique, les autorités ont remplacé le sceau officiel de Hong Kong dans l’hémicycle du «LegCo» par l’emblème de la République populaire de Chine. Elles ont affirmé qu’il s’agissait d’une mesure temporaire, en prévision des cérémonies de prestation de serment des nouveaux membres du Conseil le mois prochain.

(AFP)

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