Parlement – Le plafonnement des salaires des dirigeants est enterré

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ParlementLe plafonnement des salaires des dirigeants est enterré

Contre l’avis du National, le Conseil des États n’a toujours pas voulu que les chefs des entreprises de la Confédération puissent voir leurs salaires bloqués à 1 million de francs. Le projet passe définitivement à la trappe. 

Christine Talos
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Christine Talos
Le salaire des cadres des entreprises de la Confédération pourra dépasser le million de francs par année.

Le salaire des cadres des entreprises de la Confédération pourra dépasser le million de francs par année.

Tamedia

Les patrons des entreprises de la Confédération comme les CFF, La Poste ou Ruag ne verront pas leurs salaires annuels plafonnés à 1 million de francs. Le Conseil des États a définitivement enterré le projet jeudi par 27 voix contre 13.

Le projet était issu d’une initiative déposée en 2016 par l’ex-députée Susanne Leutenegger Oberholzer (PS/BL). Celle-ci ciblait les grandes entreprises liées à la Confédération, comme les CFF, Ruag, La Poste, Swisscom ou encore la SSR. Elle estimait que dans bien des cas, les rémunérations de leurs dirigeants n’avaient plus aucun rapport avec la prestation fournie, suscitant ainsi la grogne de la population. Elle aurait donc voulu que leurs salaires ne dépassent pas ceux des conseillers fédéraux. Or un ministre gagne aujourd’hui 445’000 francs par an, plus une indemnité forfaitaire de 30’000 francs, ainsi qu’une rente et divers avantages, soit environ 1 million par année.

Déjà dans la pratique

L’initiative a fait la navette entre les Chambres. Le National l’avait d’abord acceptée, mais elle avait été contrée une première fois aux États. La Chambre du peuple avait maintenu sa position et le sujet a donc refait surface une seconde fois à la Chambre des cantons ce jeudi. «Ce projet de loi ne permet pas de tenir compte juridiquement de la perception de l’injustice par la société», a souligné Stefan Engler (Centre/GR), au nom de la commission. Il a également rappelé, en citant le rapport sur le salaire des cadres de la Confédération en 2021, que plus aucun dirigeant ne gagnait au-delà de 1 million de francs, sauf celui de Swisscom (1,85 million).

La Confédération a pris des mesures, a rappelé lui aussi le grand argentier Ueli Maurer. Il est désormais acquis que les salaires de ces entreprises ne doivent pas dépasser le million. Pour le ministre, il n’est donc plus nécessaire de légiférer. En outre, «si nous inscrivons ce million dans une loi, les salaires les plus bas augmenteront, a-t-il mis en garde. C’est ce que nous constatons aussi dans l’économie privée.»

Incompréhensible

Le public ne comprend pas que des employés d’entreprises fédérales puissent toucher plus du double de ce que touche un conseiller fédéral», a plaidé en vain Daniel Jositsch (PS/ZH). En outre, qu’adviendra-t-il une fois que l’effet de l’initiative sera passé? a-t-il questionné. «Nous sommes sous la pression de l’économie privée et nous devrons donc adapter ces salaires en conséquence. Nous avons donc besoin de cet instrument de pression, sinon il n’y aura pas d’effet à long terme», a-t-il lancé.

Un avis partagé par Thomas Minder (Ind./SH), qui s’en est pris au salaire du chef de la Suva (790’000 francs). «Pourquoi devrait-il gagner nettement plus qu’un conseiller fédéral, un secrétaire d’État ou un directeur d’office? De tels salaires, payés et financés par le contribuable, sont choquants et condamnables», a-t-il critiqué. Avant de s’en prendre au salaire du chef de Skyguide (660’000 francs). «Ce salaire est lui aussi totalement exagéré, en particulier par rapport aux salaires des collaborateurs de Skyguide, qui ont une responsabilité directe nettement plus élevée que leur propre chef lorsqu’ils travaillent dans le contrôle aérien.»

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