Hockey sur glace: Bienne et la douloureuse succession d’Antti Törmänen

Est-ce que c’était mieux avec Antti Törmänen, est-ce que le HCB jouait mieux, semblait plus heureux, plus confiant, plus dynamique, est-ce que le HCB paraissait moins emprunté qu’avec le nouveau coach Petri Matikainen aujourd’hui?

La réponse à toutes ces questions est oui.

Le HC Bienne du nouvel entraîneur Petri Matikainen n’est plus - et ne sera plus jamais - le même que celui d’Antti Törmänen. Le changement est profond, et il tient davantage de l’aspect relationnel que tactique. Les bases du hockey restent toutefois les mêmes: avoir un bon gardien (ce qui n’est pas un problème, à Bienne), bien défendre (cela demande encore certaines améliorations) et si possible marquer un but de plus que l’adversaire (cela, le HCB n’a pas réussi à le faire aussi souvent que souhaité). Petri Matikainen n’a pas révolutionné le HC Bienne sur le plan tactique. Aucun entraîneur ne peut aller sur la glace gagner un duel pour un des ses joueurs.

Ce que Matikainen attend de ses joueurs, en fin de compte, n’est pas bien différent de ce qu’attendait Törmänen de ses hommes à l’époque. Avec Matikainen, les joueurs biennois ne se retrouvent pas devant quelqu’un qui tient un tableau noir avec des formules d’algèbre écrites à la craie. Cela reste du hockey. 

Le changement est par contre profond sur le plan relationnel. «La façon de communiquer est… très différente», reconnaît le vétéran Robin Grossmann. «Le principal changement se situe à ce niveau-là. Cela prendra probablement encore un certain temps jusqu’à ce que tout se mette en place.» Matikainen et ses joueurs doivent encore s’apprivoiser et se comprendre, maintenant que le message est diffusé d’une manière radicalement différente. 

Le noyau des leaders de l’équipe avait tissé des liens très forts avec Törmänen. Des liens qui ont été renforcés et magnifiés par les difficiles épreuves que l’ex coach finlandais a été contraint de traverser. C’est aussi pour cette raison que beaucoup de joueurs - Toni Rajala et le capitaine Gaëtan Haas en tête - se sont transcendés pour guider le HCB jusqu’en finale la saison passée. 

Le départ de Törmänen, pour soigner un cancer, a laissé beaucoup d’amertume et de tristesse dans le vestiaire seelandais, c’est une évidence. Après cinq années de «vie commune» pour les plus anciens du groupe, cet état de fait est normal. Et cela prendra encore un certain temps jusqu’à ce que les Biennois - certains sont clairement plus affectés que d’autres - digèrent le fait que Törmänen n’est plus leur entraîneur, d’autant plus que les raisons de son départ ne sont pas sportives. Les joueurs, sur la glace, sont les mêmes, ou presque, que l’an dernier, mais les cœurs sont plus lourds, c’est un fait. Matikainen doit s’en douter, forcément. 

Reste que voilà: Petri Matikainen a pris les commandes, et tout le monde - joueurs et fans du HC Bienne - devra bien finir un jour par tourner la page. Après un bon mois de compétition, la question du changement d’entraîneur ne devrait plus être une excuse pour quiconque, en tout cas pas dans l’entourage direct du HCB.

Personne ne dit qu’il faut oublier Antti Törmänen et à quel point le HCB et ses fans ont été gâtés au cours des cinq dernières années, surtout pas, mais il est temps de tourner la page et d’aller de l’avant. Le changement, peu importe dans quel domaine, n’est jamais évident.