Présidentielle américaineL’étoile montante Ron DeSantis a déjà perdu de son éclat
Le gouverneur de Floride, en qui nombre de conservateurs avaient placé leurs espoirs, accuse désormais un sérieux retard face à Donald Trump.
L’un est jeune, chéri par la droite dure, et vient d’être réélu haut la main à la tête de la Floride. L’autre est septuagénaire, fraîchement inculpé, mais surfe largement en tête des sondages pour l’investiture républicaine. Dans sa bataille avec Ron DeSantis pour l’élection présidentielle de 2024, Donald Trump bouscule encore, avec fracas, les normes de la politique américaine.
Balayées les Unes de journaux conservateurs qui avaient baptisé Ron DeSantis, 44 ans, «DeFuture» après sa très bonne performance aux élections de mi-mandat. Le gouverneur, en qui nombre de conservateurs avaient placé leurs espoirs, accuse désormais un sérieux retard face à son illustre rival. Certes, les enquêtes d’opinions sont à prendre avec des pincettes. Certes, Ron DeSantis, 44 ans, n’est pas officiellement candidat, mais c’est depuis longtemps un secret de Polichinelle. Sa déclaration paraît imminente.
Pourquoi le profil de cet ancien joueur de baseball universitaire, marié et père de trois enfants peine-t-il à séduire? Et comment Trump, mis en accusation par deux fois au Congrès, inculpé par un tribunal de New York, parvient-il encore à plaire? Élu à la tête de la Floride en 2018, DeSantis a braqué les projecteurs sur son État en le transformant en laboratoire des idées conservatrices: l’accès aux armes y a été facilité, une guerre contre une supposée «bien-pensance» lancée.
Ses mesures chocs l’ont certes rendu célèbre, mais «il est difficile d’aimer DeSantis», souligne Larry Sabato, politologue à l’Université de Virginie, qui note un manque de charisme du gouverneur. «Plus on en a appris sur DeSantis, moins il est devenu impressionnant. Il n’est pas proche du peuple, ses discours sont souvent décevants et il a fait plusieurs choix étranges qui lui ont porté préjudice», comme ses positions jugées trop extrêmes sur l’avortement, énumère l’expert.
Un Trump incassable
Cerné par les enquêtes, Trump s’est lui jeté à corps perdu dans la course pour la Maison-Blanche, dénonçant une «chasse aux sorcières». Son inculpation historique devant un tribunal de New York? Le septuagénaire se targue d’avoir levé plusieurs millions de dollars grâce à cette séquence, qui a fait l’objet d’une attention médiatique vertigineuse. Le tribun, dont la chute a été mille fois annoncée, a survécu jusqu’ici à tous les scandales. Comme si, à force d’accumulation, ils n’avaient plus d’effet sur lui.
Lâché par une grande partie de son camp après l’incroyable attaque du Congrès le 6 janvier 2021, le milliardaire de 76 ans avait déjà réussi en l’espace de quelques mois à regagner une emprise indéniable sur le parti républicain. Seul DeSantis était monté au créneau, ce qui lui avait valu une volée de bois vert du camp Trump. «Les électeurs du parti républicain ont fait des ennemis de Trump leurs propres ennemis», explique Larry Sabato.
Dans son face-à-face avec Trump, Ron DeSantis peut toutefois compter sur un imposant trésor de guerre de 110 millions de dollars, grâce auquel il espère rattraper un peu son retard en inondant le pays de spots publicitaires. Les deux adversaires ont rendez-vous le 13 mai. Ils s’affronteront par meetings interposés dans l’Iowa, le premier État à organiser ses primaires républicaines début 2024.