Humeur: 8500 places à Genève, ça fait franchement rikiki

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Hockey sur glaceHumeur: 8500 places à Genève, ça fait franchement rikiki

A Lancy, la future patinoire du GSHC sera plus petite que bien des nouvelles enceintes en Suisse. N’est-ce pas là un flagrant manque d’ambitions, indigne d’une ville comme Genève?

Nicolas Jacquier
par
Nicolas Jacquier
La future patinoire du Trèfle-Blanc disposera d’un vaste parking souterrain.

La future patinoire du Trèfle-Blanc disposera d’un vaste parking souterrain.

architech SA, projet Le Nid des Aigles

Depuis ce mardi et la présentation du projet lauréat du concours d’architecture lancé à l’automne 2022, on sait enfin à quoi ressemblera la nouvelle patinoire des hockeyeurs du GE-Servette. Résultat de la réflexion d’une équipe pluridisciplinaire pilotée par le bureau architech SA, celle-ci verra le jour au Trèfle-Blanc, sur la commune de Lancy, pour un prix de 138 millions de francs, entièrement financé par les deniers publics. Et fera surtout oublier les défuntes Vernets, inaugurées en 1958 et ne correspondant plus aux normes, ayant fait leur temps depuis bien trop longtemps déjà

Dans le meilleur des cas, le «nid des Aigles», appellation au demeurant fort maladroite sinon malheureuse d’un point de vue strictement historique si l’on songe au funeste nid d’aigle d’Adolf Hitler à Berchtesgaden, devrait accueillir son premier match à la fin de l’année 2028. Sans doute beaucoup plus tard si l’on tient compte des inévitables oppositions et autres retards inhérents à un chantier d’une telle envergure…

Bricoler pour réduire les coûts

Le problème n’est pas là. Non, ce qui nous chagrine bien davantage, c’est la capacité de la future antre des nouveaux champions d’Europe, arrêtée à 8500 places «seulement». C’est peu, déjà moins que la moyenne nationale (8700), et cela fait franchement un peu rikiki. Patienter durant des années pour finir par se voir imposer à l’arrivée la construction d’une patinoire plus petite que la Vaudoise aréna (9700) ou que la BCF Arena fribourgeoise (9095), voilà qui manque singulièrement d’ambitions, non?

On ne parle pas ici de concurrencer la PostFinance Arena bernoise (17 000 places) ou d’imaginer se rapprocher des 12 000 sièges offerts par la nouvelle patinoire des ZSC Lions. Mais tout de même… Se limiter à 8500 places, ce n’est en tous les cas pas se projeter à moyen et à long terme, c’est assurément bricoler afin de réduire probablement aussi les coûts d’autant. Résultat: avant même la pose de sa première pierre, la nouvelle infrastructure espérée court le risque d’être déjà trop petite compte tenu de l’engouement communicatif des fans, presque un comble.

On pourrait nous opposer que les Vernets font rarement le plein, ce qui est vrai. Mais il faut aussi voir le «confort» que les visiteurs y trouvent et son manque d’attractivité en termes d’expériences vécues. Or on sait que la fréquentation a plutôt tendance à décoller dans les nouvelles enceintes glacées du pays. Cela a partout été le cas jusqu’à présent et Genève, en dépit d’un public connu pour être principalement évènementiel (excepté pour ce qui est de la fidèle présence des supporters inconditionnels), ne devrait pas faire exception à la règle.

Traumatisé par le Stade de Genève

Pour justifier cette frilosité toute calviniste, il est fort probable que l’expérience du football et d’un transfert totalement manqué au printemps 2003 quand Servette a dû se résoudre à quitter les bonnes vieilles Charmilles a pesé sur le projet lui-même. Sans doute les autorités politiques, refroidies par l’expérience traumatisante de la Praille et d’un Stade de Genève qui résonne trop souvent vide lorsque Servette s’y produit, ont-elles préféré jouer la carte du compromis et de l’apaisement.

Objection! Pouvoir accueillir au minimum 10 000 personnes devrait être à la portée d’une cité aussi internationale que l’est Genève. Surtout pour qui prétend pouvoir recevoir de grandes manifestations (pensons juste aux Mondiaux de hockey par exemple ou à des concerts). Sans tomber dans la folie des grandeurs ou un quelconque pharaonisme, est-ce vraiment là trop demander? À ce jour, les principales réserves proviennent de la dimension du parking P + R de 1200 places, jugé déjà trop… grand par la gauche et la commune de Lancy.

Mais à quoi sert-il franchement de construire une nouvelle patinoire pour le GSHC si celui-ci doit constamment refuser du monde? Ne serait-ce pas encore grand temps de rectifier le tir en ajoutant un nouvel anneau au «nid des Aigles»? Après tout, on n’est pas à quelques mois de plus quand l’on voit d’où vient le projet. Ni à quelques – dizaines de? - millions de francs près de dépassement.

Alors Messieurs et Mesdames, on se la joue plus ambitieux ou quoi?

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