IslamBerne refuse de former les imams pour contrer la radicalisation
Le Conseil fédéral estime qu’il n’est pas judicieux de mettre sur pied une telle formation car l’État doit respecter la neutralité religieuse. Il préfère miser sur le potentiel d’intégration des imams modérés.
![Berne reconnaît que les imams modérés peuvent avoir un effet positif sur l’intégration des jeunes musulmans et contribuer activement à la prévention de la radicalisation. Berne reconnaît que les imams modérés peuvent avoir un effet positif sur l’intégration des jeunes musulmans et contribuer activement à la prévention de la radicalisation.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/10/70e3f35d-1db2-474f-94a6-50114177e4b0.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1367&fp-x=0.5&fp-y=0.5003657644476956&s=5cf43429a260618e4f6b8d4a2df8f1b5)
Berne reconnaît que les imams modérés peuvent avoir un effet positif sur l’intégration des jeunes musulmans et contribuer activement à la prévention de la radicalisation.
Le Conseil fédéral ne veut pas mettre sur pied une formation nationale des imams. «Ce n’est pas judicieux», annonce-t-il mercredi dans son rapport qui répond à un postulat de 2016 d’une députée PDC lui demandant d’étudier comment tirer parti du rôle clé que jouent les imams modérés contre la radicalisation des jeunes musulmans et prévenir le prosélytisme islamiste.
Selon Berne, la Constitution oblige la Suisse à respecter la neutralité religieuse. Elle a donc l’interdiction de prendre des mesures visant une religion spécifique ou de fixer des exigences en matière de formation pour une communauté religieuse. Le Conseil fédéral précise encore qu’une étude de droit comparé de la situation dans huit pays d’Europe occidentale montre qu’aucun d’entre eux n’a mis sur pied une telle formation.
Potentiel des imams modérés à exploiter
Du coup, former les imams n’est pas approprié pour contrer les prédicateurs extrémistes. Mais Berne reconnaît, comme le souligne une étude de l'Université de Zurich, que les imams modérés peuvent avoir un effet positif sur l’intégration des jeunes musulmans et contribuer activement à la prévention de la radicalisation. Un potentiel qui peut être développé «par le biais de l’inclusion des communautés religieuses de droit privé dans les institutions publiques telles que l’armée, les hôpitaux, les institutions d’exécution des peines et les centres d’asile». Le Conseil fédéral préfère donc envisager «fixer des exigences en matière de formation et de formation continue et de les faire respecter».
«De bonnes conditions de travail et des perspectives professionnelles augmenteraient également la demande d’offres de formations de qualité et contribueraient à la professionnalisation des imams et des autres accompagnants religieux», estime-t-il encore dans son communiqué. La Confédération va bientôt impliquer des accompagnants religieux issus de différentes communautés dans l’aumônerie de l’armée, rappelle-t-il. Berne examine désormais la possibilité d’étendre cette pratique aux centres d’asile fédéraux.