Royaume-UniLe Labour se dit prêt à diriger un pays en pleines turbulences économiques
Le chef de l’opposition britannique, Keir Starmer, estime que son Parti travailliste est prêt à retourner au pouvoir après douze ans d’absence. Or les prochaines élections seront au plus tard début 2025.
Alors que les difficultés s’accumulent pour le gouvernement conservateur britannique, le chef de file des travaillistes, Keir Starmer, a martelé, mardi, que le Labour, désormais rassemblé autour d’une ligne centriste, était prêt à retourner au pouvoir.
La salle était comble à Liverpool, dans le nord de l’Angleterre, pour écouter le discours du dirigeant de 60 ans, point d’orgue du congrès annuel du principal parti d’opposition au Royaume-Uni, en position de force dans les sondages comme jamais en douze ans d’opposition. En pleine crise du coût de la vie, Keir Starmer a multiplié les attaques contre les conservateurs et la nouvelle Première ministre Liz Truss, déjà dans la tourmente moins d’un mois après son arrivée à Downing Street. L’annonce d’un plan massif de baisses d’impôts financé par la dette a fait plonger la livre à son plus bas niveau historique et fait monter les taux d’intérêt, désaveu des marchés qui s’ajoute à la colère populaire.
«Le gouvernement a perdu le contrôle de l’économie, et pourquoi? Ils ont fait s’effondrer la livre, pourquoi?» a-t-il accusé. «Pas pour vous, pas pour les gens qui travaillent, mais pour des allègements fiscaux pour les 1% les plus riches.»
Les travaillistes devront être patients
Après des débuts difficiles, Keir Starmer, un centriste qui a succédé en 2020 au très à gauche Jeremy Corbyn, est porté par des sondages favorables, ces derniers mois. Le dernier en date, réalisé par l’institut YouGov, donne au Labour un écart de 17 points de pourcentage face aux Tories, soit la plus grande avance depuis l’ère Tony Blair (1997-2007).
Les élections étant prévues au plus tard en janvier 2025, les travaillistes devront être patients, alors qu’ils tentent de capitaliser sur les difficultés des conservateurs. En attendant, le parti veut montrer qu’il a surmonté ses profondes divisions internes, entre les centristes et une aile gauche désormais marginalisée.
«Ancré au centre»
Keir Starmer a insisté sur le fait que le Parti travailliste était à nouveau un «parti ancré au centre» et «le bras politique du peuple britannique», référence à une expression employée par Tony Blair. Après avoir ouvert le congrès par un hommage à Elizabeth II et l’hymne britannique – marque de patriotisme parfois mal vue de certains militants –, le leader travailliste, dans son discours de près d’une heure, a été applaudi de manière unanime, notamment lorsqu’il a clamé «Vive l’Ukraine» et a souligné que le soutien à l’OTAN était «non négociable».
Keir Starmer a aussi tenté d’effacer le fossé créé par le référendum sur le Brexit avec sa base ouvrière traditionnelle. Il ne souhaite pas revenir sur l’accord de sortie de l’Union européenne, conclu par les conservateurs, et affiche comme priorités les enjeux économiques, de santé et de sécurité, plutôt que les débats sociétaux ou culturels. Mais cette stratégie ne fait pas l’unanimité parmi les syndicats, alliés traditionnels du Labour. Dans un contexte de débrayages dans de nombreux secteurs, Keir Starmer a demandé aux responsables du parti de ne pas s’afficher sur les piquets de grève, mettant à pied l’un d’entre eux qui avait outrepassé la consigne.