Session parlementaireLe National veut faciliter les tests des nouveaux aliments
Il a accepté par 130 voix contre 43 une motion qui demandait d’adapter la législation pour pouvoir tester de nouvelles denrées alimentaires, tels les extraits de protéines d’insectes.
- par
- Christine Talos
Il faut pouvoir tester et déguster dans un cadre strictement contrôlé les «novel foods», soit les nouvelles denrées alimentaires – comme les insectes – qui arrivent chez nous et qui sont peut-être l’avenir de l’alimentation. Le National a accepté jeudi, par 130 voix contre 43, une motion en ce sens de la députée Meret Schneider (Verts/ZH) qui estimait que trop de barrières entravent aujourd’hui leur mise sur le marché.
«Le processus d’autorisation des novel foods est aujourd’hui long, coûteux et comporte un risque élevé si le potentiel du marché ne peut pas être évalué», regrettait-elle. En effet, avec la législation sur les denrées alimentaires en vigueur depuis 2017, ces produits ne peuvent être commercialisés chez nous que si l’UE ou l’Office fédéral de la sécurité alimentaire en Suisse les a autorisés. Or, avant 2017, la loi prévoyait expressément des tests de précommercialisation, sous la houlette de l’OSAV. L’élue souhaitait donc un retour en arrière.
Les «novel foods», c’est quoi?
En raison d’une mondialisation et d’une diversité ethnique croissante, mais aussi parce que de nouvelles sources de nutriments sont continuellement identifiées, de nouveaux types d’aliments s’invitent en permanence à notre table. Il s’agit des «novel foods». En Suisse, il désigne deux catégories d’aliments. Il s’agit d’une part de produits qui sont consommés traditionnellement hors de la Suisse et de l’UE (comme la céréale cañihua, proche du quinoa). Parmi les arrivées récentes figurent ainsi les graines de chia, les aliments à base d’algues, ou le physalis. D’autre part, il s’agit aussi de nouvelles sortes de denrées alimentaires comme l’huile riche en acides gras oméga-3 obtenue à partir du krill, des insectes comestibles ou des stérols végétaux comme nouvelles substances.
Pour elle, la Suisse a tout à y gagner, en particulier son pôle d’innovation. «Il est important de ne pas mettre d’obstacles sur le chemin des entreprises et des agriculteurs dans leur recherche de nouveaux aliments sains et durables. Cela implique que les «novel foods» puissent être testés et dégustés en toute sécurité juridique», a-t-elle argumenté.
Le Conseil fédéral était également favorable au texte. «Si l’on voit l’apparition de nouvelles sortes de denrées alimentaires ou des innovations arriver, il est logique de pouvoir effectuer des tests pour vérifier, par exemple, que ces aliments ne présentent pas de danger pour la santé», a souligné le ministre de l’Intérieur, Alain Berset.
Le sujet passe au Conseil des États.