DrameLes parents de la petite Daniella sont désemparés
Victime d’un accident à la piscine de Bienne dans un cadre scolaire, la fille d’un couple d’immigrés a été inhumée et faute d’explication, la douleur ne faiblit pas.
- par
- Vincent Donzé
De confession juive, l’écolière de 3e année qui a perdu la vie dans une piscine couverte de Bienne a été inhumée à Brügg, commune alémanique de la ceinture biennoise. Ses parents souhaitaient rapatrier le corps leur patrie d’origine, le Nigeria, mais comme ils disent sobrement, ça n’a pas été possible.
À Brügg, le directeur de l’école primaire et le maire de la commune ont assisté à l’enterrement. Les parents de Daniella les ont remerciés de leur présence. Depuis le décès de leur fille aînée, la maîtresse ne les a pas contactés. La dernière fois que le papa de Daniella l’a rencontrée, c’était deux jours avant le drame, pour lui dire que sa fille ne savait pas nager.
L’accident est survenu le jeudi 16 septembre. Depuis plus de deux semaines, les parents désemparés attendent un semblant d’explication, quelque chose qui explique ce qui leur paraît être une noyade. Que faisait leur fille au bord, puis dans le grand bassin? S’est-elle cogné la tête avant de basculer dans l’eau?
Grand bassin
Quelle que soit la raison de la présence de Daniella au fond du grand bassin, pourquoi les surveillants ne l’ont-ils pas vue dans les secondes qui suivent, tandis que le garde-bains de la piscine du Palais de Congrès se trouvait au bord du petit bassin? L’institutrice nageait-elle à la ligne d’eau 4, comme rapporté? Autant d’interrogations qui sont examinées par sous la houlette du Ministère public régional Jura bernois-Seeland.
Daniella a levé la main quand la maîtresse a demandé qui ne savait pas nager. Ensuite de quoi elle a été «sortie inanimée d’un bassin», selon le récit de la police cantonale bernoise, qui s’en tient prudemment à un «accident de baignade».
Selon les statistiques de la Société suisse de sauvetage, les enfants se noient très rarement, d’autant moins en piscine: zéro en 2018, zéro en 2019, zéro en 2020. «L’endroit le plus sûr pour la baignade, c’est la piscine», confirme Philipp Binhagi, porte-parole de la Société suisse de sauvetage.
Pour les surveillants, la SSS n’émet que des recommandations, sachant que les règles diffèrent selon les cantons et les écoles. «En principe, ce sont les institutions supérieures qui fixent les lignes directrices quant aux mesures de sécurité et à la formation nécessaire dans le cadre des activités dans, autour et au bord de l’eau», précise la SSS.
Va-et-vient
La SSS recommande de rafraîchir la formation à la sécurité dans l’eau du niveau de base tous les quatre ans en suivant un cours de recyclage. Si ses recommandations n’ont pas un caractère contraignant sur le plan juridique, elles peuvent être prises en compte «dans le cadre de la recherche des circonstances de l’accident». Ainsi, quand il y a «beaucoup de va-et-vient sur le lieu de la baignade», l’obligation de surveillance s’en trouve renforcée.
Le jour du drame, pour 15 élèves, il y avait la maîtresse, un stagiaire et une maman. La justice examinera les «compétences aquatiques des participants non adaptées à la situation», les «compétences en matière de sécurité aquatique non adaptées de la part de la personne responsable», mais aussi le «manque de discipline des participants».