JuraBienvenue dans la commune la plus UDC de Suisse!
À Ederswiler, un village agrarien à 93,5% pour l’UDC lors des dernières élections fédérales, la Lausannoise qui pense autrement a renoncé à voter.
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Au lendemain des élections fédérales, une commune jurassienne apparaît comme la plus UDC du pays, et pas qu’un peu: Ederswiler est agrarienne à… 93.5%. Sa particularité, c’est d’être germanophone dans un canton qui s’est construit sur la défense du français. «Nous avons toujours été à droite, ça ne date pas d’hier», commente le maire Pascal Willemin.
Pour qui le maire a-t-il voté? Pas la peine de poser la question à Pascal Willemin: sur 100 électeurs, 47 ont voté et le candidat socialiste Pierre-Alain Fridez n’a récolté qu’un seul et unique suffrage à Ederswiler. «On a voté pour Thomas Stettler», résume le maire au nom de ses concitoyens.
Comme notre village
La première explication avancée par le maire, c’est une affaire de personnalité. Dans un village agricole de 125 habitants, les avantages du candidat UDC Thomas Stettler, c’est d’être un paysan, mais «c’est aussi d’être bilingue, comme notre village», selon Pascal Willemin.
On parlait français à Ederswiler jusqu’en 1635, mais la peste a dépeuplé le village au profit de colons germains. En 2023, être bilingue facilite le dialogue avec une commune germanophone qui n’a pas pu quitter le canton lors des plébiscites, faute de frontière avec un autre.
L’école en français
Les citoyens sont alémaniques à 80%, mais les enfants vont à l’école en français à Movelier, puis au collège à Delémont, voire au lycée à Porrentruy, ce qui en fait de parfaits bilingues. De fait, Thomas Stettler est devenu un interlocuteur régulier: «Quand on s’adresse à lui, il nous écoute et nous aide à résoudre les problèmes», indique le maire.
Quid de la politique? La réponse fuse: «La frontière est là et avec elle, la peur de l’étranger», explique Pascal Willemin, maire depuis longtemps d’une commune conservatrice dont les votes sont régulièrement à contre-courant du reste du canton.
De l’entre-soi
Dans ce paysage monocolore, une Lausannoise pointe le nez sur son balcon: «Ca s’appelle de l’entre-soi», résume Francine, établie par amour à Ederswiler. Séparée de l’homme qu’elle aimait, elle élève des bergers allemands en rêvant de passer sa retraite ailleurs. «Ici, c’est à peine si on me fait un signe de la main», soupire-t-elle.
Francine n’a pas voté. À quoi bon, dans un village monocolore: «Je suis désociabilisée et… je m’ennuie», s’excuse-t-elle. Décidément, Ederswiler semble bien éloigné de Lausanne et de son champion socialiste Pierre-Yves Maillard…