Maisons de retraite en France - Scandale Orpea: L’État saisit la justice

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Maisons de retraite en FranceScandale Orpea: L’État saisit la justice

La ministre déléguée à l’Autonomie a annoncé avoir saisi le procureur de la République après avoir reçu les conclusions de l’enquête sur le groupe Orpea, qui gère des maisons de retraite.

L’affaire avait créé un véritable séisme au sein du secteur.

L’affaire avait créé un véritable séisme au sein du secteur.

AFP

L’Etat dépose plainte contre le groupe d’Ehpad privés Orpea: les annonces du gouvernement samedi font suite à un rapport d’inspection sévère. «Au regard de dysfonctionnements graves, nous sommes en mesure de vous dire que l’Etat porte plainte et saisit le procureur de la République». Et «nous demandons la restitution» de dotations publiques présumées détournées de leurs fins, a annoncé sur France Inter la ministre déléguée chargée de l’autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon.

Le rapport d’enquête, établi par l’Inspection générale des Finances (IGF) et celle des Affaires sociales (IGAS) fait état de «dysfonctionnements significatifs dans l’organisation du groupe, au détriment de la prise en charge des résidents», a précisé le ministère dans un communiqué. Très attendu depuis des semaines, ce rapport ne sera cependant pas rendu public, car couvert par le «secret des affaires», a précisé le cabinet de Mme Bourguignon.

Le 11 mars, le ministre de la Santé Olivier Véran avait pourtant affirmé qu’il comptait publier une partie de ce document, plus exactement «la totalité, à l’exception de ce qui est couvert par le secret des affaires». Les enquêtes administratives avaient été ordonnées à la suite du séisme provoqué par le livre-enquête «Les Fossoyeurs». Son auteur, le journaliste Victor Castanet, accuse Orpea d’avoir mis en place un «système» pour optimiser ses bénéfices au détriment du bien-être des résidents et des employés.

«Plusieurs millions»

Le gouvernement s’appuie sur l’article 40 du Code de procédure pénale, qui oblige toute autorité à signaler à la justice un délit porté à sa connaissance, a précisé le ministère. L’idée est donc de «signaler» à la justice les «pratiques financières» d’Orpea, «afin que des poursuites judiciaires puissent, le cas échéant, être diligentées contre le groupe», ont encore précisé les services de Brigitte Bourguignon.

Les sommes en jeu sont de l’ordre de «plusieurs millions» d’euros, a dit la ministre sur France Inter. Il s’agit notamment de «l’absence de suivi comptable des excédents sur les financements publics», selon le ministère: le groupe Orpea est soupçonné d’avoir augmenté son bénéfice en embauchant moins de personnels soignants que ce que lui permettaient les dotations publiques versées dans ce but, et en gardant les fonds non dépensés.

Auteur du livre satisfait mais déçu

Orpea est également soupçonné de «majorer artificiellement le coût des achats financés par l’argent public», via un système de «remises de fin d’année» accordées par ses fournisseurs. «Les familles de pensionnaires et les salariés qui ont participé à mon enquête se réjouissent que l’Etat vienne aujourd’hui confirmer les révélations» des «Fossoyeurs» et «décide de saisir la justice», a réagi l’auteur du livre.

Mais «ils ne comprennent pas la non-publication de ce rapport», a ajouté Victor Castanet. «L’argument du secret des affaires m’a été opposé tout au long de mes trois années d’enquêtes» et «de nouveau, cette notion floue protège un groupe privé au détriment de l’intérêt général», a-t-il déploré.

(AFP)

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