JuraDelémont: une terrasse bruyante comme un avion à réaction
La fermeture ramenée de 22 heures à 19 heures à l’arrière du Cheval Blanc a divisé les parlementaires de la ville.

Le restaurant du Cheval Blanc était fermé, hier soir à Delémont, mais le débat au sujet de sa terrasse s’est ouvert au Conseil de Ville: «Quelle est la vocation d’une vieille ville?» s’est demandé le parlementaire Léo Macquat. Au cœur des discussions: l’ordre de fermer la terrasse à 19 heures, suite à l’intervention d’un couple de voisins.
L’interpellation de Léo Macquat a été précédée d’une passe d’armes: «Le PCSI et le PS s’engueulent sur la terrasse du Cheval-Blanc», titrait l’autre jour «Le Quotidien Jurassien». Explication: le retraité gêné par le bruit de la terrasse est un parlementaire socialiste. «La politique n’est pas là pour attiser les problèmes privés», estimait le président du groupe socialiste Maël Bourquard.
Le bien commun
Hier soir, Léo Macquat a rétorqué que «le bien commun et l’intérêt public» étaient les seules raisons de son interpellation, dépourvue de référence personnelle. Il a d’abord reçu le soutien d’une collègue pour qui un tapage nocturne à 19 heures sortait de nulle part et était très éloigné d’un «compromis idéal» à 22 heures.
La riposte a fusé: pour le parlementaire popiste Jérôme Corbat, la terrasse du Cheval Blanc faisait un bruit «incroyable, absolument indécent, comme un avion à réaction au décollage». Dans le salon d’un voisin, «on se serait cru dans une discothèque», a affirmé ce parlementaire en regrettant les discussions de bistrot d’avant. À quelle fréquence se déroulaient les nuisances? Quel jour de semaine? Aucun mot là-dessus.
Les deux gérantes actuelles ont été accusées d’avoir trop tiré sur la corde. Fatima et Samia n’étaient pas là pour se défendre, au contraire du voisin mécontent qui en a remis une couche dans son habit de parlementaire, en affirmant que le niveau sonore mesuré ne permettait pas une conversation normale, avec un dépassement de 20 décibels sur son sonomètre. La légitimité de son intervention sera étudiée.
Après la victoire des voisins, les tenancières du Cheval Blanc jetteront l’éponge au printemps prochain. D’autres terrasses de la vieille ville devront-elles se mettre en sourdine? Le maire Damien Chappuis ne fait pas du Cheval Blanc une généralité.
Effet de résonance
«Chaque situation est différente, avec son effet de résonance», a indiqué Damien Chappuis. Si la commune peut intervenir pour favoriser des négociations et encourager un arrangement, elle doit se soumettre aux décisions de justice et les faire appliquer.
Tandis que la voilure nocturne se réduit à Delémont, Bienne se félicite d’avoir prolongé d’une heure l’ouverture des terrasses en été, à 1 h 30. Une mesure applicable au centre-ville qui sera peut-être élargie l’an prochain à la vieille ville, un quartier en fête tous les premiers vendredis du mois à l’occasion des «First Friday». Jusque tard dans la nuit…