Bienne: un giratoire est-il à sa place sur l’autoroute?

Un accident survenu lundi dernier a ravivé les interrogations, sur un giratoire autoroutier aménagé au-dessus de Bienne. Dans cette configuration inhabituelle où le trafic lent est autorisé, un automobiliste s’est arrêté dans les blocs en béton formant le rond-point, la roue avant gauche arrachée.

Ce giratoire aménagé en 2019 par l’Office fédéral des routes (OFROU) fournit une jonction complète aux automobilistes de la voie montante en qui peuvent ainsi se diriger les uns au nord de Bienne, côté Evilard, et les autres vers la jonction des Champs-de-Boujean, dans une zone industrielle.

Ce giratoire est-il trop dangereux? «Le Journal du Jura» s’est interrogé après une succession d’accidents. Un chauffeur routier régulièrement au volant de son camion entre Bienne et Frinvillier a affirmé rencontrer des situations dangereuses «presque quotidiennement» à l’approche du giratoire autoroutier.

«Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il n’y ait des morts», a indiqué ce chauffeur professionnel, selon qui le problème vient surtout des conducteurs de voitures et de semi-remorques qui ne connaissent pas bien le trajet: «Personne ne s’attend à trouver un rond-point sur une autoroute», a-t-il relevé.

Lorsqu’un routier remarque tardivement le tracé particulier de la circulation, son freinage tardif ne permet pas à un semi-remorque de s’arrêter avant le rond-point. Selon le routier interrogé par le «Bieler Tagblatt», le giratoire provisoire devrait être mieux indiqué qu’avec un simple panneau de signalisation.

Problème supplémentaire: le giratoire de l’A16 dispose de deux voies délimitées par une ligne continue, source de confusion: les usagers qui se dirigent vers le giratoire en provenance de Frinvillier doivent décider au préalable s’ils veulent rester sur l’A16 en direction des Champs-de-Boujean ou s’ils veulent prendre la sortie pour Bienne.

Changer de voie dans le giratoire n’est pas possible, mais dans le stress de s’être trompé, certains usagers traversent la ligne de sécurité sans égard pour le trafic.

À la fin d’une série de travaux, en 2027, le giratoire sera installé de manière définitive et d’ici là, une consultation sera organisée. «En collaboration avec la police cantonale, l’OFROU suit en permanence les événements et la situation sur le giratoire et réagirait en cas de besoin en procédant à des adaptations», a indiqué cet office au «Bieler Tagblatt».

Le maintien du giratoire est souhaité par le Grand Conseil bernois. «Depuis que le rond-point existe, tant Frinvillier que Bienne ont pu être délestés du trafic», a réagi le député Sandra Schneider (UDC). Un avis partagé par la mairesse d’Evilard-Macolin, Madeleine Deckert (PLR), selon qui les habitants de sa commune accèdent désormais plus rapidement au réseau autoroutier.

Il a aussi été décidé d’installer une voie séparée pour les vélos et les tracteurs circulant sur cette route nationale, mais la députée bernoise Anne-Caroline Graber se bat pour une véritable autoroute sans trafic mixte. Sa vision consiste à faire de la voie descendante une autoroute à quatre pistes et de la voie montante une route cantonale.

«Même réaménagée, assainie et enrichie d’un rond-point, l’A16 continuera à représenter une véritable incongruité», a-t-elle argumenté. Entre La Heutte et Bienne-Nord, la présence de cycles et d’engins agricoles fait passer la signalisation du vert au bleu, ce qui peut mettre les usagers français dans la confusion.