RetraitesLes jeunes vont devoir cotiser à la LPP dès 20 ans
Le Conseil national a décidé d’abaisser le seuil d’entrée dans la réforme de la prévoyance professionnelle. Il a aussi abaissé les bonifications des plus de 55 ans.
- par
- Christine Talos
Mardi, le National est entré en matière sur la révision de la prévoyance professionnelle. Gauche et droite n’ont pas contesté la nécessité de réformer le 2e pilier pour faire face à la hausse de l’espérance de vie et aux faibles rendements des capitaux sur les marchés financiers mais le débat est loin d’être terminé, les points qui fâchent étant prévus plus tard. En attendant, les députés ont déjà décidé des mesures qui vont toucher les jeunes comme les seniors.
Cotisations dès 20 ans
Les Suisses vont devoir cotiser obligatoirement au 2e pilier dès leur 20e année au lieu de 25 ans aujourd’hui, a ainsi décidé le National. «L’enjeu est de permettre aux jeunes d’augmenter leur avoir de vieillesse et d’élargir ainsi la population active susceptible de cotiser», a expliqué Benjamin Roduit (Centre/VS) au nom de la commission. «Un équilibre doit cependant être trouvé entre l’augmentation de l’avoir de vieillesse de ces jeunes, qui sont en formation et ont des revenus accessoires bas, et leur capacité à supporter des cotisations, sans qu’ils soient démotivés dans leur entrée progressive dans la vie active», a-t-il poursuivi.
La gauche aurait voulu rester à l’obligation de cotiser dès 25 ans. À 20 ans, la plupart des jeunes viennent de terminer le gymnase et vont rester en formation, cela n’aurait pas beaucoup de sens, a souligné en substance Barbara Gysi (PS/SG). Au vote, la majorité s’est imposée à deux contre un.
Cotisations dès 12’500 francs
Aujourd’hui, seuls les salariés qui déclarent des revenus supérieurs à 21’150 francs cotisent à la LPP. Mais ce seuil d’accès devrait être abaissé à 12’548 francs. Le National a décidé de suivre le Conseil fédéral. «Le but est de permettre aux employés à bas revenus et à temps partiel de cotiser pour leur prévoyance vieillesse», a expliqué Benjamin Roduit. Des minorités UDC voulaient en rester au palier actuel. Elles estimaient qu’un seuil trop bas et le recours à une affiliation obligatoire pour les personnes au service de plusieurs employeurs augmenteraient considérablement les cotisations et seraient difficiles à mettre en œuvre et à contrôler.
Moins de bonifications pour les plus de 55 ans
Actuellement, tous les salariés qui cotisent à la LPP voient leur employeur leur verser également des bonifications qui augmentent en fonction de leur âge. C’est ce qui fait dire aux patrons que les seniors coûtent cher. Pour ne pas pénaliser ces derniers sur le marché de l’emploi, le National a décidé d’abaisser les taux à la charge de l’employeur. Ainsi la bonification des plus de 55 ans va passer à 18% au lieu de 14%. À l’autre bout de l’échelle le taux des jeunes est actuellement soumis à des bonifications de 7 à 18% dès l’âge de 25 ans. Il va augmenter à 9% et ce dès 20 ans. Mais ce taux sera ensuite unique jusqu’à 44 ans. Ensuite il passera 14% jusqu’à la retraite.
Pour rappel, le National est a fait une entrée en matière mardi sur la réforme de la LPP. Le projet du gouvernement prévoit une baisse du taux de conversion de 6,8% à 6%. Mais gauche et droite ne sont pas du tout d’accord sur les compensations à accorder aux bas revenus et aux temps partiels. La droite a proposé un autre modèle que celui du Conseil fédéral qui était pourtant un compromis élaboré entre l’Union patronale suisse et les syndicats.
L’examen de cette partie doit avoir lieu mercredi et continuer la semaine prochaine. Les États devront encore se prononcer.