Prisonniers torturés dans les deux camps dans le conflit en Ukraine

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Guerre en UkraineIl y a de nombreux prisonniers torturés dans les deux camps, selon l’ONU

Passages à tabac, décharges électriques, humiliations diverses, voire pire: la mission de surveillance des droits de l’homme dénonce de nombreux abus, tant du côté russe que du côté ukrainien.

De nombreux prisonniers de guerre (ici des miliciens pro-russes lors d’un échange de détenus) sont victimes de mauvais traitements dans le conflit ukrainien.

De nombreux prisonniers de guerre (ici des miliciens pro-russes lors d’un échange de détenus) sont victimes de mauvais traitements dans le conflit ukrainien.

REUTERS

De nombreux prisonniers de guerre capturés par les deux parties en conflit en Ukraine, depuis l’invasion russe, le 24 février, sont soumis à la torture et aux mauvais traitements, a alerté l’ONU mardi. Matilda Bogner, qui dirige la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, a longuement décrit les sévices subis des deux côtés par les prisonniers de guerre.

Au cours des derniers mois, la mission a interrogé 159 prisonniers de guerre (139 hommes et 20 femmes) détenus par la Russie ou ses groupes armés affiliés et 175 prisonniers de guerre (tous des hommes) capturés par l’Ukraine. La mission a bénéficié d’un accès sans entrave aux lieux d’internement des prisonniers de guerre contrôlés par le gouvernement ukrainien, mais l’ONU, malgré ses demandes, n’a toujours pas obtenu d’accès confidentiel aux prisonniers de guerre internés par la Russie et ses alliés.

Matilda Bogner a toutefois rencontré des prisonniers de guerre ukrainiens qui avaient été libérés. Elle a expliqué que ceux qui étaient détenus par les forces russes étaient torturés de façon «assez systématique». Les simples soldats étaient moins sévèrement torturés que d’autres, notamment que les «snipers» et les artilleurs.

«La grande majorité» des personnes interrogées capturées par les forces russes et leurs groupes armés alliés «nous ont dit avoir été torturées et maltraitées pendant leur internement», a indiqué l’Australienne. Non seulement pour leur extorquer des informations, mais aussi pour les «intimider et les humilier» au quotidien.

Diverses formes de violences sexuelles

Dès leur capture, certains étaient battus, puis transportés vers leur lieu de détention, «souvent dans des camions ou des bus surpeuplés», sans avoir toujours accès à l’eau, ni aux toilettes pendant plus d’une journée. «Leurs mains étaient attachées et leurs yeux recouverts de ruban adhésif si serré qu’il laissait des blessures sur leurs poignets et leur visage», a raconté Matilda Bogner.

«Beaucoup de prisonniers russes ont rapporté les mauvaises conditions, souvent humiliantes, de leur évacuation vers les camps de transit et les lieux d’internement.»

Matilda Bogner, directrice de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine

À leur arrivée, les prisonniers de guerre étaient soumis à des «procédures d’admission», selon les témoignages recueillis par l’ONU, durant lesquelles ils étaient notamment passés à tabac, attaqués par des chiens ou dénudés. Plusieurs ont subi diverses formes de violences sexuelles. «Des prisonniers de guerre ont décrit avoir été battus, notamment avec des matraques et des marteaux en bois, avoir reçu des coups de pied et des décharges» avec des pistolets électriques notamment, a ajouté Matilda Bogner.

Russes entassés, nus, dans des camions

L’ONU a par ailleurs reçu des «allégations crédibles» d’exécutions sommaires de prisonniers de guerre russes capturés par les forces ukrainiennes et de plusieurs cas de torture et de mauvais traitements. «Nous avons documenté des cas, principalement lorsque des personnes étaient capturées (par Kiev, ndlr), pendant qu’elles étaient soumises à un premier interrogatoire ou transférées dans des camps de transit et des lieux d’internement», a expliqué Matilda Bogner.

Plusieurs prisonniers ont été poignardés ou ont reçu des décharges électriques, des sévices infligés par des agents des forces de l’ordre ou des militaires ukrainiens. «Beaucoup ont rapporté les mauvaises conditions, souvent humiliantes, de leur évacuation vers les camps de transit et les lieux d’internement. Souvent nus, ils étaient entassés dans des camions ou des minivans, les mains attachées dans le dos.»

Humiliées

(AFP)

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