Débâcle de Credit SuisseUeli Maurer dément avoir sous-estimé la crise et tacle ses anciens collègues
L’ancien ministre des Finances, accusé de ne pas avoir assez agi, s’est exprimé pour la première fois sur l’affaire. Il réclame une commission d’enquête parlementaire et égratigne ses anciens camarades.
Le nom d’Ueli Maurer est souvent revenu dans les débats la semaine dernière au Parlement lors de la session extraordinaire consacrée à la débâcle du Credit Suisse. L’ex-conseiller fédéral en charge des finances a été accusé, notamment par la gauche et l’UDC, de n’avoir pas su anticiper les problèmes et d’avoir sous-estimé l’ampleur de la crise, notamment en septembre dernier. L’UDC zurichois est sorti de son silence. Et il se défend: «ceux qui prétendent que mon département n’était pas préparé à l’automne ne comprennent pas les processus sur les marchés financiers», a-t-il déclaré aux journaux de CH Media.
Ainsi, Ueli Maurer aurait rencontré à plusieurs reprises le président de la BNS Thomas Jordan et la présidente de la FINMA Marlene Amstad. Et l’ancien grand argentier aurait alors déjà évoqué la mort de Credit Suisse. Plusieurs scénarios auraient été élaborés: liquidation, vente forcée, intervention de la BNS. Le CS aurait en outre dû fournir des concepts détaillés en vue d’un assainissement.
Craintes de fuites
Mais selon CH Media, Ueli Maurer n’a informé que sommairement et uniquement par oral le Conseil fédéral sur les scénarios et discussions en cours. Pourquoi? Il craignait les fuites de la part de ses collègues de gouvernement, explique-t-il. Il avait en effet été échaudé par les indiscrétions dans le cadre de la crise du Covid qui avait ébranlé la confiance au sein du collège. Si, dans le cas du CS, on avait appris que sa survie était menacée, on aurait assisté à un «bank run», soit une «panique bancaire».
Ueli Maurer a souligné qu’il avait ses raisons de prononcer le 13 décembre 2022 sur la SRF la phrase désormais célèbre: «Il faut maintenant simplement laisser le CS tranquille pendant un an ou deux». Il voulait ainsi lutter contre la déstabilisation de la banque. Aujourd’hui, il se dit favorable à une commission d’enquête parlementaire (CEP) «afin que la vérité soit révélée».
L’ancien grand argentier conclut en soulignant qu’il est dommage d’en être arrivé là avec Credit Suisse: «On aurait peut-être pu corriger le tir». Les problèmes ont commencé il y a des années, rappelle-t-il. Il dit avoir suivi de près l’évolution et avait encore d’autres idées, «mais il faut toujours une majorité pour cela», affirme-t-il en taclant ainsi une dernière fois ses collègues.