Série«Andor», un «Star Wars» plus adulte
Le douzième et dernier épisode de la saison 1 est désormais en ligne sur Disney+. Le temps du bilan est venu.
- par
- Jean-Charles Canet
Et de douze, le dernier épisode de la saison 1 d’«Andor» a été mis en ligne le mercredi 23 novembre sur Disney+. On peut enfin avoir une vision d’ensemble de cette série «Star Wars» qui situe son action sous le joug d’un empire galactique – celui de Palpatine et de Dark Vador – à son apogée dictatorial alors que la résistance ne casse pas encore trois pattes à un seigneur Sith. Son personnage principal est Cassian Andor (Diego Luna), un survivant «moi d’abord les autres ensuite» dans une colonie opprimée. L’objet de cette première saison est de narrer comment l’antipathique personnage va être conduit à rejoindre la résistance. Une deuxième saison, déjà avalisée et dont le tournage vient de commencer, conduira notre antihéros à l’endroit où on l’avait trouvé en 2016 dans le film «Rogue One – A Star Wars Story».
Un handicap au départ
Avant même d’évoquer ce qui nous a plu (il y en a) ou déplu (il y en a aussi), confessons qu’«Andor» partait avec un handicap, celui d’être une nouvelle série bouche-trou, conçue pour combler des espaces entre deux trilogies cinématographiques majeures. Là, on est pile-poil entre les épisodes 1, 2, 3 et les épisodes 4, 5, 6. De plus, on connaît le destin de Cassian, puisqu’il nous est dévoilé la fin de «Rogue One», le long métrage qui lui aussi bouchait un trou en narrant comment les plans de l’étoile noire ont été volés. «Andor», c’est donc du colmatage de colmatage. De quoi doucher l’enthousiasme. On faisait déjà peu de cas d’apprendre comment les plans de l’arme de destruction massive de l’empire avaient été subtilisés, alors savoir comment Cassian est devenu Cassian, vous pensez bien.
C’est pourquoi, comme pour «Rogue One» d’ailleurs, on a commencé par visionner «Andor» en traînant des pieds. Et le début nous a donné raison. La mise en place est lourdingue, inutilement longue, on a souvent baillé. Et Diego Luna en mono mode «je tire la gueule» n’arrangeait rien. Tout juste remarquait-on que la série prend la mythologie «Star Wars» très au sérieux, en mettant l’accent plus sur le réalisme que sur la fantaisie. Pas de Sith, pas de Jedi, par de Force et pas de bébé Yoda. Mais des opprimés, des politiciens et des fonctionnaires. Des pistolets laser qui tuent vraiment (pas seulement les Stormtroopers) aussi et des interrogatoires qui font vraiment détourner les yeux. Pourquoi pas, après tout. Mais pour raconter quoi?
Un casse et ça repart
Heureusement, «Andor» finit par décoller. À partir de l’épisode 5, disons, une fois l’interminable préparation d’un casse achevée. L’alternance entre les actions de Cassian et la description de la machine à opprimer d’une dictature vient rééquilibrer la narration. Et surtout la prise d’importance de Luthen Rael (Stellan Skarsgård), brocanteur de l’ombre, de Mon Mothma (Genevieve O’Reilly), sénatrice entre deux feux, et de Dedra Meero (Denise Gough), petit rouage zélé dans l’administration de la terreur, fait monter la pression d’un cran.
Timonier de la série, Tony Gilroy, ambitieux et respectueux de son public, parvient finalement à conduire «Andor» à bon port et offre une seconde moitié honorable et un final de saison assez brillant à défaut d’être totalement exceptionnel. Comme pour «Rogue One», on n’est toujours pas convaincu à 100%, en reconnaissant toutefois qu’ainsi associés le film et la série comptent parmi ce que Disney a produit de mieux depuis son acquisition de LucasFilm.
On aurait cependant largement préféré que la petite souris se soit abstenue de massacrer la trilogie finale de «Star Wars» au cinéma. Ce qui coûte aujourd’hui à la saga de se retrouver dans une impasse.